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Je ne peux vous aimer que si je renonce à...

Publié le 31 mai 2012 par Fabrice @poirpom
Je ne peux vous aimer que si je renonce à...

Je ne peux vous aimer que si je renonce à vous.

Aujourd’hui, alors que le parcours n’est pas terminé mais que la Cité Perdue approche, une histoire dramatique se termine.

L’important est dans les tripes. Et le long du chemin, une puissante envie de se vomir tout entier. Dès le matin, après une bonne nuit de ronflette et un lever à cinq heures et demi du mat’, une grimpette raide. Pour arriver au campement situé à une heure de marche de la Ciudad. Et les trombes d’eau qui se pointent en début d’après-midi empêchent tout mouvement. Sans compter que le Polonais de la famille a les tripes retournées depuis le réveil. L’un des guides lui a préparé une potion magique. Le reste de la famille a pris la route. L’ami polonais a vomi. Et a pris la route lui aussi. Au final, une petite heure de retard sur la bande.

Les regrets accumulés, les souvenirs étouffés d’une vie muette, pesaient lourdement sur son âme.

La route. Quelques heures en enfer. De toute beauté. À flan de colline verdoyante qui tombe à pic sur la rivière. Rivière traversée pieds nus, sous le soleil, avant de reprendre la grimpette toujours plus raide. Dans la verdure de la Sierra Nevada. S’agripper aux pierres sur lesquelles pisse de l’eau. Continuer sur l’étroite voie de terre. Grimper sur des caillasses. Encore. Quelques heures en enfer dans la verdure. Des odeurs fortes. Au milieu des pissenlits géants et autres étrangetés tropicales, la chlorophylle dégage des parfums à s’en décoller les cloisons nasales. Parfois K-pu lève le pied parce qu’une odeur a retenu son attention dans le brouhaha d’odeurs.

Il savait maintenant ce qui lui manquait: la fleur de la vie. Mais il y pensait maintenant comme à une chose hors d’atteinte.

Le drame qui se termine, c’est Le Temps de l’Innocence d’Edith Wharton. Le livre de poche qui traîne au fond du sac à dos depuis l’arrivée en Colombie. Gondolé par la pluie le premier jour de la rando. Acheté en France il y a quelques mois par amour pour l’adaptation de Scorsese. Commencé mollement à Caracas il y a quelques semaines pour être sûr d’avoir de quoi lire (en français) en Colombie. Et dévoré ici, enfin.

D’abord à la plage; puis le soir dans les campements, planqué sous les moustiquaires. Fini cet après-midi, le cul calé sur un banc de bois, les coudes posés sur une table trop haute. Avec le sévère bruissement de la rivière en fond. Cette même rivière où Gomar et K-pu ont joué les sirènes en attendant le déjeuner.

Demain, sauf pollack vacillant, direction la Ciudad Perdida.


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