Magazine Humeur

"Cash Investigations", Désinformations sauce Curry

Publié le 02 juin 2012 par Georgezeter

Et moi qui étais parti tête dans le guidon avec en titre : « femme admirable », j’en avais même fait un petit montage et mis en ligne sur Utube…

link http://www.youtube.com/watch?v=olB1nIp4cmg

Puis, ce matin, je ne sais pas pourquoi, au creux de mon petit doigt, une musiquette Bollywoodienne me susurra que… C’était vachement trop beau cette belle histoire édifiante du pot de terre contre le pot d’acier en forme de bouteille de Coca. Tout ça pour dire que j’ai regardé en replay le documentaire de Cash Investigation sur l’industrie pharmaceutique sur France 2 du vendredi 27 avril.

Elise Lucet nous donna rendez-vous pour suivre le premier numéro du magazine « Cash Investigation » qui eu pour thème « Les voleurs de maladies ». |

Ce nouveau magazine fera découvrir les méthodes difficilement avouables de certaines multinationales. Cash, ce sera deux temps forts : une longue enquête de 60 minutes et le portrait de 26 minutes d’un « lanceur d’alerte »…

J’aime bien cette femme l’Elise, surtout son petit sourire en coin lorsqu’elle fait bouffer son caca à un « décideur » qui se la pète, puis qui doit ravaler, son arrogance, et ses certitudes. Mame Lucet, d’ailleurs nous donne une scène d’anthologie dans l’autre magazine de la série Cash Investigations titrée : « Marketing vert : le grand maquillage » Vers la 50ème minute elle commence à interviewer le patron et la patronne de Novethic[1], un fond d’investissement qui fait dans l’ISR (investissement socialement responsable). Vous savez, que maintenant, nous les gens plein aux As pouvons investir dans des projets citoyens, propres, écolos et tout et tout… Donc, Miss Elise Lucet lors d’un colloque organisé par Novethic commence à interroger la big boss, et le big boss, la Dadame Anne-Catherine Husson-Traore et le Sieur Jean-Pierre Sicard. Ca commence super gentil aimable sur l’éthique de Novethic, que c’est super génial d’investir dans un monde meilleur et tutti… Pis rapidos Dame Lucet vire au pas gentil- gentil en balançant dans les naseaux que c’est tout de même fort de café d’avoir dans un porte feuille de titres écolos : 7 pétroliers, 1 marchand d’arme, des constructeurs automobiles, des distillers d’alcool… C’est à se rouler par terre de voir la tronche du Sicard qui sur la fin bafouille, bafouille que ça en fait pitié, que même Elise sauve ce pauvre gland en lui disant « donc, sachant tout cela maintenant vous allez faire quelque chose pour améliorer ? » haha ! Je t’adore jolie Lucet à qui il ne faut pas en conter…

Donc, Cash Investigations a des bons sujets, bien enlevés par Mame Lucet, sauf que…

Shanti Senthilkuma… L’héroïne du documentaire… Est et reste introuvable sur Google France, à part un article[2] qui reprend point par point le film documentaire du magazine Cash Investigations. Voici d’ailleurs comment est présenté le sujet :  

« Le lanceur d'alerte : Shanti Senthikuma. Elle a 34 ans, elle a deux enfants, et elle est indienne. Shanti fait partie de ces centaines de femmes vivant dans le Kerala, un état au sud ouest de la péninsule indienne. Elles se sont battues pendant des années contre la compagnie Coca Cola qui, pour les besoins de production de son soda, privait d'accès à l'eau potable la population du Kerala. Après plusieurs années de combat devant les tribunaux, les manifestantes ont obtenu la fermeture de l'usine. »

Je suis allé chercher sur Google Angleterre et le site de la BBC rien de rien !

Et suis allé surtout sur Google Inde et une demie douzaine de périodique en langue anglaise imprimé en Inde, et RIEN, RIEN de NADA! Concernant cette jolie et charmante personne, Shanti Senthikuma inconnue au bataillon de ceux qui ont aidés à faire fermer cette usine Coca qui pompait l’eau des nappes phréatiques et qui polluait toute une région.

Par contre j’ai trouvé sans trop forcer et y passer la soirée une certaine Miss Mayilamma[3], beaucoup moins photogénique que cette Shanti Senthilkumar. Cette femme de 56 ans à l’époque est, elle, définie comme la leadeure des femmes des tribus Eravalar and Malasar (considérées par les autorités comme des tribus primitives) de la ville de Plachimada dans le district de Palakkad (et non pas Palaghat) de la province du Kerala, cette Miss Mayilamma est créditée d’avoir été la meneuse des femmes de ce district contre le géant Coca Cola. Cette femme, les autres femmes du village ainsi que de nombreuses organisations écologiques sont venues à bout du géant et ont fait fermer l’usine. (Il en reste dans le coin tout de même 4 où 5 autres usines toujours ouvertes à moins de 10 km)

Miss Mayilamma, a été d’ailleurs honorée d’une récompense en 2005 par Sonia Gandhi, épouse de « feu » Rajiv Gandhi ancien Premier ministre de l'Inde assassiné en 1991. Mayilamma, appelée « l’icône anti coca », est décédée le 6 janvier 2007, elle avait 61 ans.[4]

Donc, d’où sort-on cette jolie Shanti ? Ne serait-ce point un film bidonné ? Mais par qui ? De plus, et pourquoi ? Ce qui est certain c’est ce que l’on voit à l’image n’est pas la femme qui mena les autres femmes de son village contre Coca… Je me perds en conjonctures oh my goodness !

Ca a commencé ce tintouin par la permission des autorités de l’état du Kerala donnant droit à Coca et Pepsi de s’installer, d’utiliser toute l’eau voulue, de ne pas payer d’électricité contre la création d’emplois…. Ca ne vous rappelle rien ? Autres cieux, mêmes méthodes ! Tout ca dans une périphérie d’une dizaine de km à vol d’oiseaux:

That actually invited Coca Cola and Pepsi to invest in the state in 1999, with the promise of practically free water and electricity! Worse, the places these multinationals chose to set up their bottling plants were in the remote areas of Palakkad – Plachimada, an Adivasi belt and Pudussery, an industrial area, both separated by about 10 km as the crow flies.”[5]

Ca a continué par une manif devant l’usine le 22 avril 2002.

“ The first protest was launched in front of the company office in February 2002. Finding no positive response from the company or the authorities, an indefinite protest was launched on 22 April 2002, led by Adivasi women Mayilamma and C.K. Janu.”

Les leaders de cette manif étaient Mayilamma et C.K. Janu. Des femmes et des enfants furent arrêtés ce jour là. La cause : Coca, non content de pomper toute l’eau du village, en plus, déversait les bouteilles pleines mais en dehors de la date limite de vente dans les ruisseaux avoisinant, balançait des plastics un peu partout, et corrompait les autorités de tutelle, celles supposées protéger les populations.

A lire le long et très documenté article en anglais de P.M. Ravindran intitulé : Plachimada: The struggle for water and … life! [6]

Donc, qui pourrait m’expliquer ce tour de passe-passe, où une Shandi remplace une Mayilamma ?

J’espère que Lucet et son team liront cet article, car, sinon, pour la suite ils risquent de perdre pas mal de crédibilité s’ils se laissent embarquer en de telles calembredaines…

Bref, comme on dit chez moi: “News business it is like Show business, isn’t it?”

Georges Zeter/Juin 2012


[1] http://www.novethic.fr/novethic/investissement-socialement-responsable/responsabilite-sociale-entreprise.jsp

[2] http://www.come4news.com/une-modeste-tribu-dindiennes,-fait-fermer-une-usine-coca-cola-270286

[3]http://en.wikipedia.org/wiki/Mayilamma

[4] http://www.indiaresource.org/news/2007/1004.html

[5]http://bharatabharati.wordpress.com/2012/01/10/plachimada-the-struggle-for-water-and-life-p-m-ravindran/

[6]http://bharatabharati.wordpress.com/2012/01/10/plachimada-the-struggle-for-water-and-life-p-m-ravindran/


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