20 ans !

Publié le 02 juin 2012 par Didier54 @Partages

Photo empruntée pour le plaisir. Source de l'image ici.


Parfois, les dates surprennent. Sans crier gare, telles un train à l'heure, elles vous percutent et puis c'est tout.
Je viens de m'en rendre compte. Me disant, mais oui, au fait, on est en 2012. Calculant mentalement. Revenant en cette année 1992. Et me disant, ben oui, c'était pile il y a 20 ans.
20 ans !
Je partais d'ici. Autant dire de loin. Et j'allais là. Autant dire que c'était loin.
C'était de surcroît terra incognita, pour moi.
Jamais mis un pneu. Jamais mis un pied. Jamais posé les yeux.
C'était il y a 20 ans, donc, et je ne me lasse pas de constater à quel point c'est tatoué, tout ça. Indélébile.
Je ne me lasse pas de cette sensation éprouvée en arrivant.
Mon premier soir.
Mon premier matin.
Ma première journée.
Ma première semaine.
Tous les sens en éveil, l'éveil dans tous les sens. La conviction que ça va le faire, même si mon premier repas, ce fut patates à l'eau et fromage blanc.
Conviction renforcée au fil des jours par la grâce de l'expérience précédente. Commencée dans le pâté. Terminée en gadoue. Ce qui commence mal finit mal. Ce qui commence bien finit bien.
Tous ces premiers kilomètres.
Tous ces premiers moments.
Toutes ces découvertes.
Ce mot aimé comme un fruit, comme un bonbon, une gourmandise. Avec, des paysages qui me parlaient, des villages qui me rappelaient comme chez moi, les guerres avaient façonné les lieux et les âmes.
Ces odeurs, ces endroits, ces gens me faisaient du bien à mesure que je découvrais dans le même temps la sensation de l'expatrié.Celui qui n'est pas d'ici, qui tente le devenir. L'intégration est un instinct.
La chance, en plus, d'exercer un métier accélérateur de découverte, genre même j'étais payé pour ça. Genre au bout d'un moment, je connaissais mieux et plus en profondeur cette région que la mienne.
Et puis le plaisir, aussi, de sentir que plus j'étais ici et plus j'aimais là-bas, plus j'aimais ici et plus je me sentais de là-bas, plus j'habitais ici plus je comprenais là-bas.
Rien d'incompatible.
Que de l'intérieur. Que de la force née de l'expérience qui se vit.
Ainsi va la géographie, et avec elle l'histoire.
20 ans déjà.
Je suis ici. C'est redevenu là-bas.
Mais c'est toujours ici. En moi.