La charité. Vous avez dit charité. Ce mot que tout le monde déteste en chœur.
Vous imaginez la dame d’œuvre, la bouche crispée, faire l’aumône à son pauvre qui se confond en remerciement. Pour moi il y aussi la bonne soeur de mon enfance qui me faisait la morale pour être charitable avec mes copines de classe alors qu’on se foutait sur la gueule dans la cour de récré.
Dans la charité, on ressent un échange inégal. Il y a un gagnant, celui qui donne, et un perdant, celui qui reçoit. Et à qui on ne demande pas son avis.
Comme, vous aurez remarqué que rien ne me rebute, je me suis penchée avec délectation sur ce sujet.
La charité est une vertu. Hélène, tout de même !
Le mot vertu vient de "virtus", lui-même dérivé de " vir " qui veut dire viril et virilité. La force du guerrier. Dont le premier devoir était la guerre. Et la vertu du guerrier, sa force physique et morale, était le socle de l’empire romain.
La charité est une vertu morale et une vertu théologale comme la foi et l’espérance. Aux cotés de vertus intellectuelles que sont l’intelligence et la sagesse et des quatre grands vertus cardinales que sont le courage ( la force), la tempérance ( la maîtrise de la volonté), la justice ( pour donner à chacun ce qui lui est universellement du) et la prudence ( la raison).
On peut citer aussi les vertus maçonniques : la tolérance, la bienfaisance et la solidarité.
Celles des scouts : la franchise, le dévouement et la pureté.
Et des Compagnons du devoir : la fidélité, l’honnêteté, la fraternité, le courage, la générosité, la discipline et la patience.
Quand même. On est loin de l’eau tiède.
D’où vient la " charité" ? Elle tire sa définition dans celle que donnaient les Grecs de l'amour.
Eros, l’amour avec un grand A,
Philia, l’amitié,
Storgê, l’amour filial.
Et Agapè : l’ amour du prochain, une relation qui se rapproche de l’altruisme. Qui se caractérise par sa spontanéité, qui n’est pas un acte réfléchi ou une forme de politesse mais une réelle empathie pour les autres. La charité vient de là. Qui se traduit par un idéal de relations humaines qui n’est pas vraiment à la mode dans nos sociétés marquées par l’immédiateté du profit, la rentabilité à outrance où le temps est de l’argent.
Je vous laisse Platon : "les vertus sont des attitudes fermes, des dispositions stables, des perfections habituelles de l’intelligence et de la volonté qui règlent les actes, ordonnent les passions et guident la conduite. L’homme vertueux est celui qui pratique librement le bien."
Il est vrai que je vois mal dans les entreprises parler de charité. Si d'aventure ce mot vous rebutait définitivement, retenez empathie, générosité, solidarité, altruisme.
Une des grandes motivations de l’homme au travail n’est pas tant son salaire que la considération dont il est l’ objet. Non seulement pour le travail qu’il fournit mais aussi pour la " personne" qu’il est. Et qui a besoin d’empathie, d’écoute, de bienveillance, de solidarité, de respect.
Pour lui prouver qu’il n’est pas juste un point sur un graphique ou juste un nom dans un organigramme.