Le garçon du vendredi soir

Vous dansez sur une plate-forme tournante. C’est là que vous rencontrez le garçon du vendredi soir. Il sirote un drink au bord de la piste. Quand cette dernière s’arrête, vous vous retrouvez nez à nez avec lui. Il vous invite. Ses mains sont moites, les vôtres aussi. Etrangement, cela n’est pas désagréable. Cela distrait votre attention. Se concentrer sur un détail pour oublier le reste du corps.

Malgré vous, votre esprit divague. De cette main vous remontez à la jointure de son épaule, vous en éprouvez l’assurance et la tendresse. Il n’essaie pas de faire usage de sa force pour vous impressionner. Vos seins se frottent légèrement à son torse. Vous mesurez la possibilité d’emboîtement entre vous. Pendant ce temps, vos jambes tricotent ensemble. Vos souffles se mêlent. Vous vous laissez guider. Cela vous plaît.

La musique cesse, il vous abandonne et regagne sa place. Bye bye chérie ! Rendez-vous au prochain tour avec un peu de chance. Il suffit que le manège se fige devant sa table, il vous voit, il tombe amoureux. Il ne vous voit pas, vous n’existez pas. Le garçon du vendredi soir n’a pas une mémoire d’éléphant, il ne trompe pas énormément. Il oublie.

Comment dit-on déjà ? Il a une mémoire d’artichaut, c’est ça ? Ou de moineau ? Ou de lièvre ? Ciel, moi aussi, j’ai oublié quel nom de colibri classe ce type d’oiseau…