Ceux qui me connaissent savent ma passion du sport et des sportifs (ahem). A l’heure du sport, je préfère généralement celle de la sieste. Mais mon indifférence pour les gars en sueur s’arrête là où le chauvinisme prend le dessus sur la dimension sportive : je suis un fan instantané des duels aux couteau, en particulier ceux qui engagent l’honneur de mon camp, c’est à dire de l’endroit où je me trouve au moment où je m’y trouve. Ainsi, ceux qui suivent savent combien je me suis enthousiasmé pour les Pingouins et à quel point j’ai vibré pour les Métallos du temps où 1) ils représentaient l’honneur de la ville où il se trouve que j’habitais ; 2) il ne restait plus que quelques matchs à tirer avant la victoire finale ; et 3) ils avaient une chance de gagner. Trois conditions indispensables à me tirer de la sieste.
Mais il n’y a que Pittsburgh pour offrir régulièrement une saison sportive aussi épuisante. La marche des Penguins et l’épopée des Steelers en 2009, puis en 2010 furent exceptionnelles. En déménageant à Los Angeles, je pensais bien être tiré d’affaire et pouvoir consacrer désormais l’intégralité de la saison sportive à mon activité favorite, à l’ombre des palmiers. La ville n’a pas d’équipe de football, ce qui élimine tout risque d’excitation régionale déraisonnable sur au moins 50% des événements sportifs nationaux. Pour ce qui est du basket, deuxième sport national susceptible d’émouvoir les foules, on pouvait jusqu’à présent compter sur la paresse des Lakers pour ne pas manquer la sieste. La ville se défend sur les terrains de baseball, mais on pouvait compter sur les Dodgers pour rester à l’écart des finales. Quant au hockey… vraiment ? à Los Angeles ? Pas possible.
Eh ben j’ai vraiment un problème de sport. Demandez-moi où j’habiterai l’année prochaine et vous aurez le nom du champion de l’un des quatre sports américains favoris. Ça me poursuit. Un complot contre la sieste.
Côté hockey, dans une ville où il ne neige jamais et où il faut tout de même être sacrément cinglé pour préférer se jeter sur la glace plutôt que dans les vagues, les Los Angeles Kings ont choisi 2012 pour se friser dans la Stanley Cup, faisant mourir de honte les fiers Penguins de Pittsbugh même pas foutus de se qualifier depuis qu’on a quitté cette ville. On rêve. En baseball, à la même époque l’année dernière, les L.A Angels et les Dodgers touchaient le fond du classement au point de ne plus vendre un ticket. L’équipe des Dodgers en banqueroute en 2011 (littéralement en faillite et devant les tribunaux) renaît de ses cendres en 2012 jusqu’à dominer le classement de la National Ligue cette année avec pas moins de 37 victoires depuis le début de la saison. On rêve… mais on ne fait plus la sieste.
Et ça, c’est juste pour la cour des grands. Parce que comme si ça ne suffisait pas à vous pourrir toute une saison prometteuse en siestes au soleil, les loupiots s’y sont mis également. Ayant jusqu’à présent sagement suivi l’exemple familial de ne jamais se distinguer dans les épreuves sportives, les enfants ont décidé de se distinguer cette année en emportant leurs équipes en finale des championnats locaux. Et voilà comment après avoir soigneusement fermé l’oeil sur toute une saison sportive, on se retrouve avec une bande de parents dégénérés à hurler le nom de ses enfants sur un terrain de baseball… un samedi après midi, à l’heure de la sieste.
L’année prochaine, on bouge à Tulsa, Oklahoma : une des rare ville américaine sans équipe professionnelle de baseball, de football, de hockey, ni même de basket ball. Et on met les gosses au jogging.