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En noir et Blanc

Publié le 08 juin 2012 par Didier54 @Partages

En noir et Blanc
Ils avaient espéré.
Lui le premier.
Les semaines précédentes semblaient dire que peut-être, finalement, ce serait possible.
C'était pourquoi pas.
Quelques uns brassaient des pourquoi mais il s'en footait.
Il était concentré. Dans son combat. De ces combats immenses que l'on se livre à soi-même.
Il était impressionné que ça dure aussi longtemps, et il méditait. Se disant que décidément, on ne savait jamais. Que tout cela était loin d'être une science exacte, effectivement.
Sans cesse il remettait l'ouvrage sur le métier.
Sans cesse.
Toujours un grain de sable.
Mais il surmontait, tant bien que mal. Plutôt mal.
Il avait bossé, il bossait, et il bossait encore, seul, avec un spécialiste, tout était bon.
Tous avaient l'impression d'une folle course contre la montre. Une guerre sans adversaire et sans ennemi déclaré qu'il fallait mener.
Tous espéraient que jaillissant, la lueur viendrait et finirait par se raccrocher à lui.
Elle qui un jour avait fini par s'éteindre sans que l'on sache trop pourquoi, encore moins comment.
Au début, il avait pris sur lui, et ils avaient de leur côté pris sur eux.
Attendant des jours meilleurs.
Quoi que fut onéreux. Et douloureux.
Ils avaient l'espoir en bandoulière, et à mesure, il fondait cet espoir, neige au soleil, peau de chagrin.
Il trimbalait comme il le pouvait ce chagrin qui lui tenait compagnie, comme une glue, collée aux basques.
Et finalement, il l'avait appelé, une fois encore, au-delà du raisonnable, et comme dans ce pays du pré, on croit aux signes, on aime les clins d'oeil du destin, il avait pensé que c'était peut-être le bout du tunnel, il l'apercevait, presque, il aurait parié, d'ailleurs, mordicus, ça y est, son heure revenait, ça y est, la courbe s'inverserait, enfin !
Ils tentaient.
Les douleurs ne disparaissaient pas toutes, loin de là, mais c'est sûr, elles se faisaient plus discrètes, plus voilées et il se faisait fort de les bouter hors de lui comme on s'excorciserait, comme on jetterait aux orties le coquin de sort, le mauvais oeil, cette ombre noire. Noire comme un bus aux volets clos.
Regonflé à bloc mais plus convalescent qu'il n'y paraissait, il était arrivé un peu en avance le jour du rendez-vous. A l'heure dans sa course contre la montre.
Il ne s'était pas laissé démonter par les relents de mauvais vents qui continuaient à souffler.
Il avait bossé, encore bossé. Il avait courbé l'échine, encore courbé l'échine.
Mais la magie n'avait pas opéré.
Il n'était finalement pas retenu.
Il repartait, affichant sourire. Masquant grimace.
Enfermé dehors. En quelque sorte.
Devant lui, deux nouvelles années à tenter de revenir. Deux longues années. A commencer par maintenant. A suivre par demain. Et ainsi de suite. Nul ne savait ce que serait son avenir. Nul ne décelait son présent.


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