Patrick Lavaud est intervenu lors de la journée d’étude du 9 mai.
Edition
Son travail aborde des dimensions linguistiques, ethnographiques (vie quotidienne) et la littérature orale.
Le rapport à la langue a généré de la confiance et une certaine efficacité. Si l’occitan n’était pas nécessairement la langue de communication, l’enquête a créé un espace d’usage de l’occitan. Les archives orales permettent alors d’écouter la langue.
L’auteur regrette de ne pas s’être alors intéressé aux documents photographiques, remarquant qu’il est toutefois plus facile aujourd’hui de les recueillir, notamment grâce à la possibilité de les scanner.
Patrick Lavaud a fait le choix d’une publication à la fois pédagogique et scientifique, qui privilégie l’oralité. Il explique que dire engendre un rapport charnel entre celui qui dit et celui qui écoute beaucoup plus important qu’entre celui qui écrit et celui qui lit. Il a donc bâti son projet d’abord par les disques (le livre en compte 3), élaborés selon 2 critères, la qualité technique et le contenu.
Il note l’importance des contraintes techniques : il fallait que cela soit attractif et écoutable (nécessité d’enlever les « heu », les répétitions) d’où une nécessaire recomposition.
La publication a été rendue possible grâce aux Archives départementales de la Gironde où ont été déposés, numérisés et indexés les enregistrements (fonds Lavaud).
Médiation
Patrick Lavaud effectue un important travail de présentation du livre. On ne fait pas un livre en occitan sans avoir l’idée de défendre cette langue. Il assume des intentions militantes : sauvegarder une mémoire, faire un travail d’histoire au travers des témoignages individuels de gens du « Médoc d’en bas », faire reconnaître l’occitan comme faisant partie de l’identité de cette région. En cela c’est aussi une démarche politique puisqu’il s’agit de convaincre les élus. D’ailleurs une nouvelle association vient d’être créée, « Medòc d’Òc », dont l’objectif est d’être reconnue comme interlocutrice par les pouvoirs publics, notamment en raison du projet de création d’un Parc naturel régional.
Patrick Lavaud s’intéresse aussi aux usages sociaux de la langue, soulignant que le danger pourrait être la boulimie de la collecte. A quoi ça sert, qu’est-ce qu’on en fait ? Certes il y a des usages scientifiques, l’élaboration de dictionnaires… mais il faut aller au-delà : que cela soit un apport pédagogique pour les enseignants, que des artistes s’emparent de ces matériaux. Il y a d’ailleurs un projet en cours avec Jakes Aymonino et la Manufacture Verbale et une journée de rencontre et de réflexion sur « Que faire de la tradition orale ? » est prévue en mars 2013 par l’OARA (Office artistique de la région Aquitaine).
Patrick Lavaud, Lo Medòc de boca a aurelha / Le Médoc de bouche à oreille, livre bilingue occitan français accompagné de trois disques, Archives départementales de la Gironde, Bordeaux, 2011.