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Chroniques de l’ordinaire bordelais – Episode 21

Publié le 27 mai 2012 par Antropologia

Tempo primo

C’est un dédale d’artères souterraines qu’on parcourt à pied, en tapis roulant, sur  rails. Un monde où il fait toujours nuit, où les couloirs sont placardés de publicités colorées et où flotte une odeur d’urine. Dans des wagons, les gens regardent des journaux gratuits ou des téléphones portables entre leurs mains, dérangés sous leur casque musical par le son d’une guitare ou d’un accordéon qui ne fait pas partie de leur playlist. Par la déclamation d’une tranche de vie sous les néons, par d’autres mains qui tendent des gobelets vides. On court pour sortir de cet univers souterrain, pour y passer le moins de temps possible. On appelle ça « le rythme parisien ». Dans un escalier, je me retrouve derrière un vieux monsieur en imperméable beige qui n’arrive plus à suivre le rythme. Moi non plus car ma valise est trop lourde. Nous serrons notre droite pour ne pas ralentir les autres, ou simplement pour éviter d’être bousculés. A petits pas, nous gravissons les marches, je porte la charge de mon bagage et lui semble accablé par son propre poids, par la fatigue des jours vécus. Je le dépasse au pied d’un escalator – accélérateur de nos pas – car cette cadence ralentie me trouble. Je pense à un autre rythme, aux pulsations répétées de nos propres artères… à un ralentissement qui pourrait s’arrêter à tout moment comme une pendule qui s’épuise. Alors j’accélère pour ne plus y penser.

Stéphanie Gernet

Une réponse à Chroniques de l’ordinaire bordelais

Sandra Labastie dit : 21 mai 2012 à 08:25

Très bel instant de (dis)grâce dans les sous-sols parisiens. Le rythme est juste. Il me rappelle avec précision combien le corps y souffre (pour ne pas parler de l’esprit) …



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