Jusqu'à aujourd'hui, Igor ne réagissait pas quand on le qualifiait de rebelle.
Demain, ce sera une autre affaire.
En effet, il n'était pas 17 heures cet après-midi quand tous ses collègues ont pris la poudre d'escampette.
Igor s'est retrouvé seul dans la boîte, décontenancé.
C'est qu'il avait lui aussi envie de prendre la tangente, direz-vous.
Eh bien même pas.
Du moins n'est-ce pas ce qu'il a alors pensé.
Non, il ne se défaisait pas de l'idée qu'il assistait à la révolution.
Qu'il n'en faisait pas partie.
Quand, de Grand Soir, il rêve bien souvent la nuit.
A cette heure, Igor est toujours au bureau.
Meurtri de pressentir qu'il n'osera pas, demain (si ses collègues reviennent), demander aux révolutionnaires le motif de leur fronde.
Angoissé à la perspective que ses rêves de grand chambardement soient transformés par cette expérience impressionnante.
Que la fuite ne devienne la manifestation du burn-out général.
Quand, lui, Igor n'avait pas imaginé une seule fois dans son sommeil que l'évitement était une forme assez habile de l'explosion.
Et ce couillon, vexé, pourrait bien y réfléchir le cul sur sa chaise, dans une entreprise vide, jusqu'à demain.