"Perceval ou le Conte du Graal ", est-il un mythe ?

Publié le 14 juin 2012 par Perceval

Citer «  Perceval » ( et la quête du Graal ), comme un mythe, est peut-être un raccourci, que des spécialistes pourraient contester… ? Cette histoire étant rattachée à une œuvre littéraire, peut-être est-il plus exact de parler de «  mythe littéraire » .. ? L’histoire est de plus relativement récente …

Revenons donc à la définition du Mythe et, j’en retiens de la part de spécialiste, quelques unes qui vont dans le sens de ce que j’entrevois…, comme :

- Mircéa Eliade :  « Le mythe raconte une histoire sacrée : il relate un événement qui a eu lieu dans le temps primordial, le temps fabuleux des commencements »

- Gilbert Durand « Nous entendons par mythe un système dynamique de symboles, d’archétypes et de schèmes, système dynamique qui, sous l’impulsion d’un schème, tend à se constituer en récit ».

- Marc Eigeldinger « Le mythe n’est pas uniquement récit, mais aussi discours du désir et de l’affectivité. Il ne s’exprime pas à l’aide d’idées ou de concepts et se développe en marge de la rationalité ; il se consacre à dire la vérité psychique […], à suggérer l’affleurement de l’irrationnel et de l’inconscient, à traduire le contenu du désir et ses relations avec le sentiment »

- Jean-Pierre Vernant : le mythe ne se réfère pas à un genre particulier… Il serait « l’envers, l’autre du discours vrai, du logos »

Le mythe, serait ou aurait été retenu pour « vrai », je préfèrerai dire avec

- Campbell : "Non, le mythe n'est pas un mensonge. Une mythologie complète est constituée d'une organisation d'images symboliques et narratives, métaphoriques des potentialités de l'expérience humaine, et de l'accomplissement d'une culture donnée à un moment donné."

Et forcément, je dirai que le mythe littéraire, contrairement peut-être au mythe ethno-religieux, ne fonde ni n’instaure plus rien. Les oeuvres qui l’illustrent sont d’abord écrites, signées par une (ou quelques) personnalité singulière. Évidemment, le mythe littéraire n’est pas tenu pour vrai.

- Jean Pouillon ajoute, que « ni l’opposition du vrai et du faux, ni celle du croire et du ne pas croire ne sont pertinentes pour situer le mythe ».. !

 

Sans doute, pouvons nous admettre que la littérature, si elle ne le crée pas, et un « conservatoire des mythes ». De plus, comme le dit Véronique Gély, « la littérature n’est pas seulement le conservatoire des mythes, elle est leur laboratoire, et le lieu de leur épiphanie »

Pour ce qui est du « mythe de Perceval », il nous est donc parvenu tout enrobé de littérature », il ne nous est accessible qu’en tant que « mythe littéraire ». Il a cette particularité que sa première rédaction est caractérisée, par l’absence de clôture. Le « Conte du graal » de Chrétien de Troyes est inachevé… !

Ensuite, ce corpus est à l’image d’un arbre dont le tronc serait constitué de la tradition médiévale, à partir de laquelle les multiples ramifications modernes s’élanceraient vers le ciel, toujours plus éloignées de la souche première, mais puisant leur sève dans un réseau de canaux toujours plus vaste et plus complexe….

Effectivement, si le mythe de Perceval est extrêmement présent dans le demi-siècle qui suit son entrée en littérature, c’est le silence presque total du début de la Renaissance à la fin du siècle des Lumières. Après un timide renouveau au tournant des XVIIIème et XIXème siècles, c’est le drame wagnérien qui le ramène sur le devant de la scène artistico-littéraire. Au cours du XXème siècle également, la fortune de ce mythe varie considérablement : après avoir connu une certaine vogue jusqu’à la seconde guerre mondiale, il se fait beaucoup plus discret pendant les années qui suivent, pour resurgir avec une vigueur inattendue dans les années 1980.

Sources: en partie Thèse de doctorat présentée par Christophe Imperiali " En quête de Perceval - Étude sur un mythe littéraire ", et le peintures sont d'Odilon Redon.