Ce mercredi soir, j’étais décidée. Fermement. Définitivement. A mon retour du boulot, pas de pc. Eteints. Les deux. Pas de tchat, pas de lecture de messages sur le site orange de rencontres, pas de rédaction de billet, pas de visite de mon forum chouchou, pas de scrabble à grands coups de kss kss. Rien. Nada. Niente.
Et j’ai tenu, de 17 à 20h. Keskon dit à Anaïs ? Ben bravo.
Et à 20h, chuis allée au pestacle.
Invitée.
Fou comme ces bannières « mon blog n’est pas français mais j’assume » ont déjà des répercutions en province. Invitée à un pestacle, l’Anaïs. Naaaaan, j’rigooole, j’ai été invitée avant la création des bannières (c’est dire si maintenant ça va être la folie furieuse).
Mais j’rigole pas sur le fait que j’ai été invitée. A un pestacle. Invitée. Comme une parisienne invitée à sa première soirée hype, j’étais excitée. Pire qu’un moustique à l’approche de l’été. Je n’ai pas revêtu de tenue de soirée, je n’ai pas revêtu mes bijoux en diamants (mes bijoux viennent de chez Six, même pas honte), mais je suis allée au pestacle. Avec mon écharpe Strelli, tout de même. Et avec mon nouveau parfum. Invitée que j’étais. Keske je me la pète grave. Comme quoi, même dans la petite ville provinciale de Namur, y’a de temps en temps des choses à voir, ça méritait d’être souligné.
Et j’ai donc rencontré Bernard. Qui m’a raconté sa vie. Durant une heure trente. Une heure trente de rires. Garantis. Bernard est célibataire, et il a tout vécu : les plans foireux, les rencontres organisées par les amis, le speed dating, la collègue écolo à horloge biologique en détresse et la petite amie mère de famille nombreuse. Il est pas parfait, Bernard, déjà il aime pas la musique française, quelle faute de goût. Impardonnable. Puis il est taillé en bouteille de Schweppes. Et il a un tic avec ses cheveux, il passe sans cesse sa main dedans, ça doit être le trac. Mignon. Mais il est drôle (et non droll, vous connaissez le topo). Et il nous raconte. Tout. Et nous aussi on raconte, ou presque. Car le pestacle est interactif. Sympa. Grâce à un petit boitier reçu à l’entrée (et qu’on a intérêt à rendre, vu qu’on a dû donner nos coordonnées, et même être prises en photo avec le numéro du boîtier sur la photo et tout et tout, dingue comme la Gestapo veille), donc grâce à ce boîtier (que j’ai rendu, je le jure), Bernard apprend, lui aussi, à nous découvrir : eskon est célibataires ou pas, quelles sont nos techniques de largage, de quand date notre première expérience amoureuse, notre conjoint s’est-il déjà endormi pendant l’acte, quels sont les avantages qu’on trouve au célibat… et j’en passe et des meilleures. De quoi induire une réelle complicité entre Bernard et son public d’un soir.
C’est drôle, c’est léger, c’est fun, et c’est tellement, oh oui, tellement réaliste. C’est sans doute ce réalisme qui fait le succès du pestacle.
Bernard était donc à Namur hier. Et réjouissez-vous, il sera à Bruxelles ces trois prochains jours ainsi qu’en avril. Que les célibataires bruxellois se ruent sur www.laviedebernard.be afin de réserver leurs places. Et les non célibataires aussi, car comme le dit Bernard, statistiquement, 10 % des couples auront rompu d’ici deux ans… alors préparez-vous au célibat, gnark gnark.
Message subliminal pour Bernard : j’ai répondu « oui volontiers » à ton invitation au ciné (et non « ça dépend du film » comme toutes les autres – mais bon, je préfère les comédies romantiques hein – et j’aime la musique française, je te préviens, mais je mange de la viande). Et puis, je me dois de le préciser, honnêteté oblige, pour l’avantage principal du célibat, j’ai choisi « on peut péter au lit (et ailleurs) ». D’ailleurs là en ce moment, et ben… enfin t’as compris quoi. Quoi qu’il en soit, la balle est dans ton camp.
Merci Bernard (enfin Nicolas Buysse, car c’est le nom du comédien). Une soirée réussie. Merci Emilie pour l’invitation.
Seul bémol de fin de soirée : en sortant de la salle, avec la banane jusqu’aux oreilles, heureuse d’avoir tant ri, j’ai surpris la conversation d’hommes représentant typiquement ce que je déteste : lunettes, petit pull, et air suffisant, tellement suffisant que c’en est risible. Et je n’ai entendu qu’un bout de la conversation (croyez-moi, ça m’a suffi) : « de l’amateurisme, oui (trèèèès cheeeeer), mais ça ne m’a pas dérangé outre mesure », d’une voix pincée. Oh peuchère, va sur scène, qu’on analyse ton amateurisme à toi. Non mais. On ne critique pas Bernard impunément. Qu’on se le dise.
PS : j’ai donc finalement allumé mon PC ce soir, mais c’était pour la bonne cause.