Jeudi en poésie : changer d'air
N’ai-je pris que des routes trompeuses ?
mes choix furent incertains
souvent
mon chemin s’est perdu
tant de fois
j’ai rêvé bien sûr
mes rêves avaient
le goût du printemps
le parfum des herbes
la voix des grillons
mais ils avaient aussi
le germe de la corruption
inscrit au plus profond de la chair
au plus profond des idées.
Rien ne dure
susurrent des voix railleuses
tout s’use…
Sur la plage désertée
d’une vie qui s’écroule
l’espoir
impudique et nu
est venu s’échouer
voiles en lambeaux
livrées en plein soleil aux regards indifférents.
Quelque part
au fond d’espaces insondables
un éclat brille encore parfois
mais si fugace
un élan sporadique soulève un instant
la montagne
on pourrait croire l’éveil
le phœnix ne renaît-il pas de ses cendres ?
mais l’abîme est le plus fort
son attrait implacable
pesanteur infinie qui plombe le geste
aspire la vie
la chaleur
le souffle
La foi s’érode
ses alluvions emportés par le vent
s’inscrivent avec aigreur
dans le cycle infernal d’une ronde sans fin
entre naissance et mort
au rythme des mâchoires et des mandibules.
Tout ne naît que pour être dévoré.
©Adamante