Au milieu des bips sonores stridants sur un quai suintant, je rentre d'une mine désapointée dans le wagon, quand soudain je me retrouve dans un cargot de couleurs qui réchauffent et appointent ma mine. Un point lumineux de couleurs vives attire mon regard et frappe mon inspiration. C'est le bonnet d'un homme africain assis sur un strapontin. Je cherche une place, ni trop près , ni trop loin. Alors que je trace les contours de son visage, l'homme assis en face de moi m'interrompt avant de se lever: -"C'est moi, là?" dit-il en pointant du doigt . Surprise, "la main dans le carnet", je bredouille : "euh...non, c'est le monsieur derrière" Je me demande bien pourquoi il me demande cela, ça se voit bien que ce n'est pas lui, il n'a pas de chapeau...non? Voilà que je doute maintenant. Je relève la tête, et voilà! Mon sujet quitte le wagon tandis que mon pertubateur me regarde depuis le quai, l'air amusé.-"Zut, Belleville, il faut que je descende, j'ai failli rater ma correspondance!" Telle une somnambule, je déambule en mode automatique dans le couloir du métro qui gronde et résonne sourdement, couvrant presque les "hallah" lancinant d'un vieux mendiant arabe assis au sol. Absorbée, les yeux fixés sur mon carnet où flotte la tête de mon sujet, j'essai de me souvenir de son habillement. -"zut, voilà pourquoi, je dessine: j'oublie tout. Je l'ai observé pendant deux stations, et voilà que dix secondes après je ne me souviens plus..." Je rentre dans le wagon de ma correspondance, dubitative et pensive. -"oh, et puis , zut"... Je l'habille, m'imaginant ce qui irait avec son couvre chef.-"ça ira bien comme ça..."