C’est un sentiment spécial que celui d’écouter une chanson hors du temps, de l’espace, du réel. Une chanson qui n’a rien avoir avec le jour, ni la nuit. Une chanson hors de tout. Une chanson que l’on ne rattache à rien mais que l’on ne peut s’empêcher d’écouter, comme un réflexe. Une chanson qui ne fait pas réfléchir, qui ne fait appel à rien d’autre que l’instinct.
Cette chanson a une heure, c’est trois heures du matin. Alors qu’il fait nuit noire mais que ce n’est déjà plus la nuit. Alors que ce n’est pas vraiment le jour non plus. Ce moment, puisqu’il n’a pas de nom, s’appellerait l’entrejour. C’est un nom parfait pour toutes les rues désertes et le silence assourdissant des cours d’immeuble. C’est un nom parfait pour cet état de semi-conscience, pendant lequel l’on éprouve à la fois la fatigue et l’excitation, l’épreuve du demi-sommeil et la fierté de survivre à la nuit, de lui résister.
L’entrejour, c’est nom que l’on donnerait à la manière qu’a la musique de raisonner dans le gris des chambres, d’investir le vide et de mettre en valeur le silence. L’entrejour, c’est cette manière de faire de la transition entre le jour et la nuit un moment solennel.
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