J'observais ce petit bruant, au cerveau gros comme un pois chiche, se réfugier à la dérobée dans le seringat, puis sur une branche du pommier, sur la rambarde du patio et secrètement enfiler dans le lierre qui s'agrippe à la fondation de la maison.
Il répétait régulièrement son manège.
Moi qui aime photographier ces petites bêtes, j'avais un goût fou de déplacer les feuilles du lierre, pour zieuter ce qui en retournait. Je me retenais en me rappelant une gaffe passée; j'avais commis le même geste, obligeant involontairement l'oisillon à quitter le nid. Je m'en suis voulu. Ma curiosité lui a probablement coûté la vie.
Cette fois-ci, on ne m'y reprendra pas.
Je m'approche subtilement, feintant d'arracher les mauvaises herbes de la plate bande; rendu plus près, j'observe discrètement le nid. Un oisillon me fixe sans bouger, prêt à bondir hors du nid. Mon choix fut de le laisser tranquille.
Hier, assis sur la terrasse, je remarque qu'il ne se passe rien près du nid. Je vais y jeter un coup d'œil, le plus discrètement que je puisse faire, regardant ailleurs, replaçant les myosotis, cerclant les bugles rampants. Rien. Dans le nid, ni oiseau ni oisillon, mais quatre petits œufs bleus. Triste, j'ai cru que cette minuscule couvée avait été abandonnée. Je suis allé chercher mon appareil photo et tendrement, j'ai déplacé le feuillage. J'ai pris cette photo, sans regarder dans le viseur. Le temps de retirer mon appareil, le couple de bruants s'est pointé pour retourner au nid.
Lo x