L’objet de cet article n’est pas d’alimenter le débat qu’il y a autour de la graphologie. Le plus important est de savoir comment elle peut intervenir dans notre vie. A première vue ça peut paraitre étonnant que nous puissions avoir à subir les effets de la graphologie. Pourtant nous avons tous été un jour, amenés à présenter un dossier administratif où il était exigé une lettre ou une demande manuscrite. Les écrits sont sensés renseigner le recruteur sur des aspects le la personnalité des candidats, en s’appuyant sur la graphologie.
En réalité, beaucoup de recruteurs en Algérie, exigent ce type de document alors que leurs entreprises n’ont jamais fait appel à un graphologue, on ignore même si cette spécialité est exercée dans le pays. Comme la majorité des procédures et règlements sont copiées des pays étrangers, on imagine que celle-là aussi est un fruit de cette imitation qui parfois n’est même pas étudiée pour être adaptée à notre société et notre entreprise.
Dans beaucoup de pays cette méthode de recrutement est interdite par la loi. Emmanuelle Marchal, chargé de recherche au CNRS/CEE, Centre d’étude de l’emploi, affirme même que "l’utilisation de la graphologie dans les opérations d’évaluation des compétences est une spécificité française faisant périodiquement l’objet de remises en cause. De nombreux recruteurs et évaluateurs semblent recourir aux services de graphologues pour gagner du temps, conforter leurs jugements ou argumenter leurs choix".*
Encore une fois, il semble que nous ayons copié les Français, ce qui n’est pas mauvais en soi. Mais ce qui est grave et même inacceptable, c’est que nos entreprises ne disposent pas de graphologues! On pourrait se demander comment les recruteurs évaluent nos écrits? Si les Français ne s’accordent toujours pas sur l’utilisation de la graphologie comme outil de recrutement, et ça avec le grand nombre de personnes spécialisées dans ce domaine, comment avons-nous pu les imiter?!
L’entreprise algérienne doit imiter pour avancer. Mais elle doit avant tout savoir quelles pratiques s’adaptent à son environnement. Le recruteur doit être conscient de la responsabilité qui lui incombe. Il doit choisir les meilleurs candidats, pour cela il doit au moins savoir quelle méthode utiliser et pour quelle raison!
*Marchal Emmanuelle, "Graphologie et entreprises: histoire et controverses",
Sociologies pratiques, 2005/1 n° 10, p. 57-76. DOI : 10.3917/sopr.010.0057