Législatives - Quand les chiffres parlent : "majorité absolue" ou dictature d'une minorité ?

Publié le 18 juin 2012 par Hermas

a presse présente les résultats des législatives comme un grand succès pour le Parti socialiste. De fait, celui-ci obtient la "majorité absolue" à l’Assemblée nationale. Cependant, puisque nous sommes censés être en démocratie, il convient de rappeler, tout de même, certains chiffres éloquents.

Ces élections, évidemment, reposent sur des électeurs. Ceux-ci, à leur tour, sont censés exprimer la “volonté générale” : celle du peuple souverain, au nom duquel les représentants légifèrent.

Or, il y avait à ces élections législatives 43 234 000 inscrits (1).

Sur ces inscrits, seuls 23 957 594 ont voté. Et encore, certains ont voté blanc ou ont remis un bulletin nul, ce qui revient exactement au même dans les décomptes.

Cela signifie, en tout cas, en tenant compte de ceux-là, que seuls 23 029 183 français se sont exprimés pour un candidat ou un autre. Soit 53,27 % de l’ensemble des inscrits. Autrement dit, 46,74 % des français susceptibles de voter ne se sont pas exprimés. Cela représente, tenez-vous bien, 20 204 817 de français !

Poursuivons. Le PS, qui a, redisons-le, la "majorité absolue" à l’Assemblée nationale, a recueilli 40,91 % des suffrages exprimés, soit le vote de 9 420 426 d’électeurs. Mais si l’on rapporte ce nombre de voix au “pays réel” des français en droit de voter, la “majorité” obtenue par le PS est de… 21,79 %.

Ainsi, dans une démocratie, dont on nous rappelle chaque jour l’existence, voire le culte, une “majorité absolue” à la Chambre des représentants du peuple, s’établit sur le fondement d’une “majorité” d’un peu moins de 22 %. Seul le mythe de la “représentation nationale” peut faire oublier, bien vite, que plus de 78 % des français électeurs ne les ont pas choisis.

Consternant.

Ce qui est dit là vaut, évidemment, de toutes les formations politiques, même non “majoritaires”. Pour mémoire, l’UMP, qui se flatte d’avoir “bien résisté”, ne recueille en réalité, selon les mêmes calculs, qu’un peu plus de 20 % des suffrages des français inscrits, soit une différence au fond assez faible par rapport à leurs frères ennemis. A eux deux, d’ailleurs, ils n’en réunissent pas même la moitié…

Pour mémoire, il sera rappelé que, toujours selon les mêmes calculs, M. HOLLANDE a été élu Président de la République avec une majorité de 39 % des français inscrits. Plus de 60% ne l'ont donc pas désigné.

Évidemment, il est plus flatteur de tenir compte, dans les résultats, non du nombre des inscrits, mais de celui des suffrages exprimés, qui passent à la trappe également les bulletins blancs et nuls.

Voilà la “majorité absolue” qui s’apprête à légiférer “au nom du Peuple français” pendant ces cinq années à venir, avec l’appui de ses alliés et du Sénat.

Du point de vue de la philosophie politique, cet examen soulève de réelles questions de légitimité d’un tel système, surtout s’il s’oriente, comme il paraît probable, dans des voies de réformes idéologiques [famille, avortement, homosexualité, etc.] qui tourneront à la dictature de cette pseudo-majorité sur le peuple français. D’un point de vue pratique, il permet d’ores et déjà de comprendre que l’illusion entretenue, juridique et politique, d’un triomphe universel de la nouvelle majorité aura à faire place, bon gré mal gré, à un retour à la réalité des choses qui pourrait, avant longtemps, s’avérer fort douloureux.

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(1) Ces chiffres sont tirés du site du Ministère de l'Intérieur.