Elle virevoltait. Méthodiquement, son pied droit venait chasser le gauche, dans un mouvement incessant et gracieux. Ses bras dessinaient des formes abstraites. Son regard, impassible et concentré, balayant l’horizon au rythme de ses mouvements. Seule, elle remplissait cette grande piste. Le temps semblait s’arrêter, à chaque fois. Pendant des heures, tout se figeait. Les bruits de la ville disparaissaient, le soleil n’osait plus poursuivre sa course.
Chaque jour, je me tenais là, interdit. A l’unisson des éléments, je restais ébahi et désarmé, incapable de rien. J’avais beau me résoudre chaque matin, m’interdire de passer, je ne pouvais résister. Les copains, qui avaient fini par découvrir ce qui me mettait systématiquement en retard, me servaient inlassablement les mêmes moqueries et quolibets. Mais eux n’avaient jamais vu. Ne pouvaient pas comprendre.
Comme tous les jours précédents, je me tenais là. Elle aussi, était là. Toujours en mouvement. Mais quelque chose avait changé. Ses gestes étaient moins assurés. Son visage avait délaissé sa concentration et sa froideur. Cela donnait un mélange de spontanéité et de maladresse qu’il ne lui avait jamais connu. Et puis, tout d’un coup, il la vit. Discrète, qui perlait tout au long de sa joue.
Elle interrompit sa danse. Son regard se posa sur moi. Il me semble que c’était la première fois qu’elle remarquait même ma présence. Je voulus détourner le visage, partir, par pudeur. Mais je ne pus. Elle passa devant moi, avec un petit sourire affectueux. Et un regard empli d’émotion. Mon coeur se mit à battre la chamade. Ma main se porta sur son visage. Elle la prit, sourit une fois encore. Je la suivis jusqu’au milieu de la piste, nos regards ne se quittèrent plus.
Edward Sharpe and the Magnetic Zeros sont heureux de vous annoncer la sortie de leur nouvel album ‘Here’.