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Les chroniques iraniennes et/où perses de Jafar : Le fonctionnement du pouvoir en Iran

Publié le 22 juin 2012 par Menye Alain

Les chroniques iraniennes et/où perses de Jafar : Le fonctionnement du pouvoir en IranMahmoud Ahmadinejad annonce qu’il se retirera de la vie politique en 2013… Cette nouvelle a réjoui certains et attristé d’autres. L’actuel président de la République Islamique d’Iran a annoncé vouloir se retirer de toute vie politique définitivement à l’issue des élections de 2013 pour « se consacrer à la science ». Rappelons qu’Ahmadinejad est ingénieur de métier, et que la constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat en 2013. Il peut cependant, même si il vient d’annoncer qu’il ne le ferait pas, être candidat en 2017. Faire une chronique pour lui rendre hommage ? J’y ai songé, mais cela serait l’enterrer avant sa mort, le mandat de Tonton Mahmoud n’est point encore achevé. Profitons en plutôt pour revenir sur le système politique régissant le fonctionnement de la République Islamique d’Iran.

De 3200 avant Jésus-Christ à 1979 après Jésus-Christ, l’Iran, que ce soit sous le nom de Perse (jusqu’en 1934) où d’Iran était un empire, avec cependant quelques « parenthèses » au cours desquelles cet empire a été (très) provisoirement écroulé, comme sous le second califat islamique jusqu’à la période abbasside où la Perse était liée à l’Arabie, la période de 1724 à 1729 où les afghans occupèrent le pays où la période d’occupation anglo-soviétique durant la seconde guerre mondiale (pendant laquelle cependant un empereur était, mais uniquement symboliquement dans les faits présents) de 1941 à 1945. Rappelons que l’empereur de Perse est appelé en persan Shah, et que c’est l’avant-dernier empereur qui a imposé le nom officiel d’Iran aux pays étrangers. Le terme Iran (signifiant pays des aryens) était déjà employé par les perses eux-mêmes sous la dynastie sassanide.

Suite à la chute du dernier Shah d’Iran en février 1979, un gouvernement provisoire, jusqu’en février 1980 est mis en place. C’est durant ce régime provisoire, le 31 mars 1979, qu’est voté par référendum (le vote n’étant cependant pas secret mais public) la décision de faire de l’Iran une république islamique. Le 4 février 1980, l’Iran devient officiellement la République Islamique d’Iran, l’Ayatollah Rouhollah Khomeiny devenant le premier Guide Suprême et Abolhassan Bani Sadr le premier président de la république.

En Iran, le président est élu au suffrage universel direct pour 4 ans, et n’a droit qu’à deux mandats d’affilés. Cependant il peut à nouveau se présenter à une élection 4 ans après son dernier mandat. Pour donner un exemple, Khatami n’était pas éligible en 2005 année concluant son deuxième mandat, mais l’était en 2009. Le parlement (Majlis) composé de 290 députés peut destituer le Président si plus de 2/3 des députés votent la destitution avec l’appui du Guide Suprême. Le Majlis est élu pour 4 ans, et comporte des sièges réservés aux minorités religieuses. L’assemblée des experts est composée de 86 membres du clergé élus pour 8 ans et a pour but de surveiller le travail du Guide Suprême, et peut le destituer en cas de haute trahison. Le conseil de la révolution, lui, composé de 12 membres dont la moitié est automatiquement réservé à des Ayatollahs a pour but de vérifier que les lois votées par le Majlis et promulguées par le président de la république sont « halals » (licites vis-à-vis de la loi islamique).

Cependant, le personnage le plus important dans le pouvoir iranien est sans contestation possible le Guide Suprême (Rahbar-e moazzam en persan). En effet, c’est à lui, au final, de valider les lois acceptées par le Majlis, le président et le conseil de la révolution. C’est lui, et non le président, qui porte le statut de chef des armées et des Gardiens de la révolution, le principe d’amnistie et de « grâce présidentielle » connu en France est de son ressort et peut annuler n’importe quelle décision du président, quelle qu’elle soit. Je me souviens un jour avoir parlé à un iranien m’ayant dit : « Les présidents, on les oublie aussi vite qu’ils passent. Le seul vrai pouvoir en Iran, c’est le Guide suprême. »

Voici les noms de tous les présidents iraniens du 4 février 1980 à aujourd’hui :

Abolhassan Bani Sadr : premier président du 4 février 1980 au 21 juin 1981, destitué par Khomeiny car opposé à une prolongation de la guerre Irak-Iran. Il vit aujourd’hui en France.

Mohammed Ali Rajai : 2 août 1981-30 août 1981, assassiné 28 jours après son entrée en fonction.

Seyyed Ali Khamenei : élu le 13 octobre 1981, à la mort de Khomeiny en 1989 il devient Guide Suprême.

Hachemi Rafsandjani : du 17 août 1989 au 3 août 1997, il est le premier président de tendance réformiste.

Mohammad Khatami : président du 4 août 1997 au 3 août 2005, également plutôt réformiste, il jouit toujours aujourd’hui d’une forte popularité dans le pays.

Mahmoud Ahmadinejad : Entré en fonction le 4 août 2005, il est l’actuel président. Une chronique lui sera entièrement consacrée à la fin de son mandat.

La République Islamique a également connu deux Guides suprêmes : Rouhollah Khomeiny de 1980 à sa mort en 1989, puis Seyyed Ali Khamenei de 1989 à aujourd’hui.

Je tiens à finir cette chronique par un petit hors-sujet : Comme les amateurs de football le savent, à ce jour, selon les équipes, en zone Asie 2 où 3 matchs qualificatifs pour la coupe du monde 2014 ont été joués. L’Iran en a joué 2, et a donc 4 points après une victoire en Ouzbékistan et un match nul contre le Qatar. L’Iran est donc deuxième de son groupe, en bonne voie pour une qualification directe. Je suis désolé de ne pas avoir donné l’information au moment même, mais je viens seulement d’avoir l’idée de retransmettre également les informations sportives concernant l’Iran. Prochain rendez-vous le 11 septembre au Liban pour le 3ème match de la sélection iranienne.

Je tiens à remercier mon frère de combat Allain Jules ainsi que la modératrice, et vous dit à la semaine prochaine !

Salaam Ahlikoum !

Jafar


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