source lapresse.ca  Publié le 25 mai 2012 à 05h00 | ...

Publié le 22 juin 2012 par Cheaplabel

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Publié le 25 mai 2012 à 05h00 | Mis à jour le 25 mai 2012 à 05h00

Chaînes d'information sous haute surveillance

Agrandir Gabriel Nadeau-Dubois, Léo Bureau-Blouin et Martine Desjardins lors d'un point de presse diffusé en direct devant le palais de justice de Montréal, vendredi La Presse Canadienne

Richard Therrien
Le Soleil

(Montréal) Les pro-étudiants accusent les chaînes d'information continue de tendre trop souvent le micro aux porte-parole des forces policières. Ou encore de rediffuser ad nauseam les mêmes images de violence. Les antigrève, eux, considèrent RDI comme beaucoup trop complaisant à l'égard des étudiants et trouvent qu'on accorde trop de temps d'antenne aux manifestations. LCN trop à droite? RDI trop à gauche? Qui a raison dans ce débat qui touche finalement tous les médias, débat inévitable en cette période de crise, qui polarise comme jamais les opinions des citoyens? Chose certaine, les auditoires des chaînes d'info continue ont explosé depuis les dernières semaines, RDI prenant le dessus sur LCN dans les sondages. Les gens chialent plus, mais regardent plus aussi.
La directrice de RDI, Luce Julien, reconnaît avoir reçu un nombre anormalement élevé de plaintes dans les dernières semaines. «Depuis le référendum de 1995, je ne me rappelle pas avoir assisté à des discussions aussi enflammées sur un sujet. Ça se reflète dans les plaintes qu'on reçoit. À peu près les mêmes entrevues sont critiquées de part et d'autre.»
Toutefois, elle n'en démord pas: RDI offre selon elle une couverture juste et équitable de cette crise. «On n'adopte surtout pas de ligne de pensée. La mission première de RDI, c'est de couvrir l'événement au moment où il se déroule. Sa deuxième, c'est d'approfondir les sujets. RDI a réussi ce tour de force, entre autres avec 24 heures en 60 minutes.» Elle réfute les accusations voulant que RDI privilégie les images de casse.
Véritable révélation de ce conflit chez les mordus d'images en direct, et solution de rechange aux chaînes traditionnelles, la chaîne Web militante CUTVmontreal.ca de l'Université Concordia, fondée il y a deux ans, attirerait jusqu'à 100 000 internautes chaque jour, selon sa directrice générale, Laura Kneale. Clairement pro-étudiants, CUTV commente minute par minute l'évolution des manifs et fournit plus d'images en direct que RDI et LCN.
L'équipe de CUTV travaille pourtant avec des moyens rudimentaires. «Nous sommes 10 personnes salariées, et nous avons formé 400 membres bénévoles depuis 2010. Une vingtaine de personnes sont impliquées à temps plein sur les manifestations et la grève», explique Laura Kneale.
Pourquoi alors CUTV est-elle capable de rester en direct toute la soirée sur les manifs, alors que RDI et LCN repassent souvent les mêmes images en boucle? Luce Julien affirme qu'on étudie la possibilité de retransmettre des images par équipement Web, mais que les tests n'ont pas été concluants jusqu'à maintenant. «Ce n'est pas à point pour offrir une qualité HD», dit-elle. Lorsque RDI et LCN rediffusent des images qui datent, c'est bien souvent parce que les équipes doivent déplacer leurs camions de retransmission. Mercredi soir, lors des arrestations massives à Québec qu'ont peu couvertes les chaînes traditionnelles, les gens ont dû se rebattre sur TacticalFM.com, un autre site militant dont le slogan est «Dénoncez la désinformation», et qui retransmettait en direct les événements.
Jusqu'à maintenant, les journalistes et les caméramans de RDI n'ont pas été arrêtés ni blessés, même s'ils se trouvent souvent coincés entre les manifestants et la police. Mais comme ce fut le cas dans d'autres médias, les équipes de CUTV et leurs équipements ont parfois été malmenés par les forces policières. Mme Kneale dit avoir eu très peur dimanche soir quand des policiers ont pointé leurs armes antiémeutes vers son équipe, prêts à leur lancer des projectiles de caoutchouc. «Même en étant sur le trottoir et en montrant nos cartes de presse, ils sont carrément venus vers nous et visaient nos têtes», raconte-t-elle.
La direction de LCN n'a pas voulu répondre à nos questions.