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Sommet de Rio : ce qu'on ne vous dit pas au sujet de l'avortement

Publié le 25 juin 2012 par Hermas

RIO DE JANERIO, 20 juin (SOURCE : C-FAM) Démontrant brillamment leur solidarité, un groupe divers d’Etats membres de l’ONU se sont alliés au Saint Siège pour retirer du projet de document conclusif de la conférence toutes les références aux droits reproductifs ou au contrôle démographique. Ce document est le résultat de l’étape finale des négociations lors de la conférence Rio +20 de cette semaine.

Ces six derniers mois, le Fonds de l’ONU pour la Population (UNFPA), allié à la Norvège et à l’Islande, au groupement Catholics for Choice, et à la Fédération Internationale du Planning Familial, a travaillé d’arrache-pied pour profiter de la Conférence Rio+20 sur le développement durable pour faire sa promotion du droit à l’avortement et du contrôle démographique au niveau international.

Le groupe Catholics for Choice a distribué un grand nombre de publications et de communiqués dans le but évident de nuire à l’influence unique qu’exerce le Vatican au sein des Nations Unies en tant qu’observateur permanent. Dans une note récente, les militants prétendent que la « tendance [du Saint Siège] à insister sur des positions marginales bien en marge du consensus prévalent » a pour effet de saper « le consensus international sur les droits de l’homme et de faire reculer l’horloge sur [le développement] des normes et principes auxquels les [Etats] membres des Nations Unies tiennent tout autant. »

Cependant, les négociations de Rio de cette semaine ont montré que le Saint Siège, loin d’être « en marge » des autres nations, est un leader du consensus. Aux côtés du Saint Siège, le Nicaragua, le Chili, la Russie, le Honduras, la Syrie, la République Dominicaine, le Costa Rica, et l’Egypte ont tous rejeté l’introduction du terme « droits reproductifs » au document final de Rio +20.

Le Nicaragua, qui est aux mains d’un gouvernement de gauche, est probablement celui qui s’est fait le mieux entendre, insistant pour que les délégations nationales cessent de « boxer dans le vide à propos du terme « droits reproductifs » », qui n’est à l’ONU, tous les Etats le savent, qu’un mot de code pour l’avortement ». La délégation nicaraguayenne a souligné que c’était la Norvège et l’Islande, et non le Saint-Siège, qui compromettent le consensus en imposant des « expressions interdites », par là forçant les Etats à accepter qu’un document contienne ce qui serait en « conflit direct avec leur droit national et leurs législations ».

La délégation chilienne a fait une déclaration similaire, affirmant que le « droit à la vie » était « incompatible avec le terme de droits reproductifs », et remettant en question son inclusion dans un document sur le thème du développement durable.

En début de semaine dernière, le lien si controversé entre les droits reproductifs et le développement durable a été clairement établi.  En effet la Nouvelle Zélande, la Norvège, l’Islande et les Etats-Unis, le Canada et la Suisse, l’U.E. et l’Australie, ont appelé à l’inclusion du terme proposé par l’UNPFA: « population dynamics » (dynamiques démographiques) dans le même paragraphe que l’expression « santé sexuelle et reproductive ».

La Russie, le Saint Siège, ainsi que les pays du G77 n’ont pas perdu de temps pour faire remarquer que faire figurer ce terme dans un même paragraphe que le terme « planning familial », faisait entendre que la « promotion du contrôle démographique », était le moyen de réaliser le développement durable. Cette phrase a dès lors été retirée du document.

Lors de la conférence, l’Union européenne et les délégations africaines sont restées assez silencieuses sur la question des droits reproductifs et du contrôle démographique, mais pour d’autres raisons.  Les délégations africaines, craignaient d’une part que leurs déclarations puissent compromettre l’attribution du financements des organisations telles l’UNFPA dont elles sont malheureusement dépendantes. L’Union, de son côté, ne voulait pas nuire au consensus de son propre camp, alors que trois de ses Etats-Membres, dont l’Irlande, restent fortement pro-vie.

Les féministes pro avortement déplorent déjà leur défaite à Rio.  Vicky Markham du Center for Environment and Population a occupé les pages de RH Reality Check pour sonner l’alarme face à leur défaite imminente. « Les négociations du projet de documenyt Rio+20 qui inclut «les droits des femmes » et les «  droits reproductifs » ont pris le pire des tournants possibles (…) et les choses ont l’air d’aller très mal d’après les rapports [que nous avons reçus] (…) ». Elle affirme que les ONG organisaient hier après-midi une marche importante sur le lieu de la conférence, pour protester contre leur défaite. Il semblerait qu’ils aient fait trop peu, et trop tard.  


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