Le PLQ maintient sa publicité
Les images de Pauline Marois cognant des casseroles parlent d’elles-mêmes, estime Jean Charest
Isabelle Porter Québec Photo : Clément Allard - Le Devoir Jean Charest a participé, hier à Québec, en compagnie notamment du maire Régis Labeaume, à l’inauguration de la portion ouest de la promenade Samuel-De Champlain. Autre signe de l’approche d’élections, les libéraux ont multiplié les annonces officielles hier. Malgré la demande du citoyen affirmant les avoir tournées, le Parti libéral continuera de diffuser les images de Pauline Marois cognant des casseroles. Le premier ministre Jean Charest a d’ailleurs défendu hier la nouvelle publicité de son parti, s’en servant pour discréditer la chef du Parti québécois.« Ça illustre un épisode de la vie politique de Pauline Marois que les Québécois ont intérêt à connaître, a-t-il dit en marge d’une annonce à Québec. On n’a pas fait de commentaires. Moi, je pense que l’image parle d’elle-même. » « La conclusion à mon avis est assez claire », a ajouté le premier ministre. « Mme Marois dit : “ Moi je veux être première ministre du Québec ”. Juxtaposez l’image puis sa prétention et tirez vos propres conclusions. »
La vidéo mise en ligne par le Parti libéral montre la chef du Parti québécois frappant des couvercles de casseroles l’un contre l’autre avec une certaine maladresse. Elle a été réalisée à partir d’images tournées par un vidéaste amateur le 2 juin lors d’une manifestation précédant l’élection partielle dans la circonscription d’Argenteuil. La publicité, d’une quinzaine de secondes à peine, ne contient aucune parole. Les images y sont présentées en noir et blanc et défilent avec un léger ralenti.
Selon le professeur de communication Thierry Giasson de l’Université Laval, il s’agit clairement d’une publicité négative. « Le noir et blanc, le ralenti, c’est très fréquent en publicité négative aux États-Unis et au Canada anglais. Ça dramatise le contenu visuel, c’est destiné à générer de l’inconfort, de la peur chez le récepteur. »
Mme Marois n’a pas fait de commentaire à ce sujet hier. C’est plutôt le député Nicolas Girard qui a dénoncé la publicité sur toutes les tribunes. « L’objectif de M. Charest est assez clair. Il veut diviser les Québécois, a-t-il déclaré. En utilisant cette publicité, ils font preuve de mépris envers les familles du Québec qui ont tapé sur des casseroles contre la loi 78. »
Lorsqu’on lui a fait remarquer que cela pouvait faire mal paraître sa chef, M. Girard a rétorqué que le premier ministre et son parti avaient choisi de « s’inspirer de Stephen Harper et des républicains ». « Ça nous donne une idée du type de campagne qu’il a l’intention de mener. »
Interrogé sur ces critiques, le premier ministre s’est dit « étonné » hier. « C’est des images que le PQ a mises en ondes. C’est eux qui les ont rendues publiques », a-t-il fait valoir en soulignant qu’elles avaient été « largement diffusées » sur le réseau Facebook.
Au Parti québécois, on insiste sur le fait que la vidéo ne vient pas de l’organisation. Nicolas Girard souligne qu’elle a été mise sur la page Facebook du parti par quelqu’un « qui n’était pas un militant » et qu’elle a ensuite été retirée.
Mise en demeure
Un homme du nom de Guy Séguin, qui dit en être l’auteur, a envoyé une mise en demeure au Parti libéral pour les amener à la retirer.
En fin de journée, le directeur général du PLQ, Karl Blackburn, a toutefois annoncé le maintien de la diffusion du message publicitaire. Selon M. Blackburn, ces images ont circulé abondamment sur Internet, notamment sur la page Facebook du candidat péquiste aux dernières élections partielles dans la circonscription d’Argenteuil, Roland Richer. « Votre demande nous surprend d’autant, et nous paraît non fondée », a écrit M. Blackburn dans une lettre à M. Séguin, rendue publique par le PLQ.
Toutefois, selon le professeur Thierry Giasson, cette vidéo n’appartient pas à M. Séguin, mais à l’entreprise Facebook. « Je ne suis pas sûr que le Parti libéral a l’autorisation de Facebook pour utiliser du matériel vidéo ou des photos. Quand on met quelque chose sur son compte Facebook, ça ne nous appartient plus, on perd nos droits d’auteur », souligne-t-il.
Pour le PQ, cette publicité est la preuve que la stratégie des libéraux en vue des élections est de les associer « à la rue ». « L’objectif est de ne pas régler avec les étudiants, de laisser perdurer la crise sociale et d’attendre la réouverture des campus à la mi-août pour lancer la campagne électorale », a résumé le député Girard.
Hier, le premier ministre n’a pas voulu parler des élections. Aux journalistes qui l’interrogeaient, il a répété qu’elles auraient lieu d’ici 18 mois. Les libéraux, qui en sont à leur deuxième publicité partisane en deux semaines, ont toutefois donné d’autres signes hier que les élections se rapprochaient.
Ministres et députés ont participé à une bonne dizaine d’annonces à la grandeur du Québec : investissements en logement, nouveau bâtiment pour Revenu Québec, subventions aux centres de transfert d’entreprises, nouveau programme en ligne d’aide aux immigrants, etc. Le premier ministre, à lui seul, a participé à deux activités du genre à Québec, soit l’inauguration de la portion ouest de la promenade Samuel-De Champlain et la visite d’un centre pour les personnes sourdes et handicapées.
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Avec La Presse canadienne
sourceledevoir.com