"Ah c'est pas comme ça que vous l'aimez votre café ? Faites le donc vous-même, je suis sûre qu'il sera parfait !"
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J'ai toujours refusé ce terme de "cause", ça me fait penser à "cause perdue". Ça implique une notion de faiblesse, de besoin de protection, d'une spécificité des femmes parmi les êtres humains adultes. Aussi j'ai toujours refusé de me dire féministe. Un peu aussi parce que ça résonnait à mes oreilles comme synonyme de fille poilue et mal-baisée (oui, je sais c’est nul mais c’est comme ça).
Mais aujourd'hui je me rends compte que j'ai sans doute eu tort, même pour les féministes poilues. Oui, la société est sexiste plutôt que machiste. Et je dis bien la société, pas uniquement les hommes, ce serait trop simple.
Pendant longtemps j'ai évolué dans des univers exclusivement féminins. Les études littéraires sont souvent suivies en grande majorité par les filles. J'ai ensuite travaillé en milieu hospitalier, où le personnel, soignant comme administratif, était encore majoritairement féminin. Où certaines trouvaient "bizarre" que dans certains établissements le standard puisse être tenu par un homme(véridique). Où il était hors de question d'embaucher un homme en maternité, même quand on manquait cruellement de sages-femmes, on préférait n'embaucher personne. Pourtant, tous les gynécos sans exception étaient des hommes, eux. Mais là ça ne gênait personne. UN médecin, mais UNE sage-femme, UNE infirmière, UNE femme de ménage. Il est courant de penser que les femmes entre elles sont souvent dures et mesquines, c’est une réalité. Les femmes dans le monde du travail pardonnent difficilement aux autres d’obtenir une promotion ou un avantage. J’ai vu des crêpages de chignon lorsque l’une d’entre elles a obtenu des aménagements d’horaires pour cause de santé (une maladie grave, vraiment), les autres se sont senties flouées et l’ont fait savoir. Elle pouvait faire « du ski, aller la plage comme tout le monde mais pas travailler aux mêmes horaires ». Oui. Alors on imagine aisément ce qui peut se dire de celles qui occupent des plus élevés dans la hiérarchie…
Quand j'ai changé d'orientation professionnelle, je me suis dirigée vers l'informatique. Et là, c'est le contraire question proportions... Certains diront que dans les milieux essentiellement masculins, les femmes sont accueillies comme des princesses (mais moi JE SUIS une princesse, donc j’ai l’habitude), d’autres diront qu’elles sont deux fois plus attendues au tournant. Tout ce que je peux dire c’est qu’être une femme aide quand même pas mal ! Pour trouver un stage, par exemple, j’ai été retenue par une entreprise dans laquelle mes homologues masculins ont été refusés. Le jour de l’entretien, le directeur m’a clairement dit qu’il me choisissait « parce qu’une fille dans une équipe, ça fait du bien ! ». Quand j’ai cherché du boulot, c’est aussi un peu pour ça que j’ai été retenue dans l’entreprise où je suis restée 8 ans. Ils cherchaient une femme parce que selon eux (ils étaient 2 à l’époque dans l’entreprise) une femme pouvait apporter une vision différente des choses. En y repensant, je me demande si c’est une vision réductrice ou pas. Clairement, pour les clients, une femme qui répond au téléphone ne peut être qu’une secrétaire et aucunement une technicienne, il leur a fallu du temps pour s’adresser à moi comme à mes homologues masculins, j’ai parfois du faire des démonstrations un peu techniques de mon savoir-faire pour convaincre les plus machos, mais ça a fini par se faire ! Rien n’est perdu donc.
Mais quand je dis « les plus machos », c’est aussi de femmes qu’il s’agit, l’une d’entre elles m’a dit un jour « l’informatique c’est pas un métier de femme». Ah. Certains métiers ont été longtemps réservés aux hommes, c’est un fait, le mythe de l’ouvrier du bâtiment, du pompier ou du déménageur. Heureusement, l’émergence de nouveaux métiers change la donne, parce que ces métiers là n’ont pas encore d’histoire, de tradition ou d’image masculine ou féminine.
Là, j’ai juste envie de dire : pourvu que ça dure !