Les dix ans du pommier

Publié le 30 juin 2012 par Didier54 @Partages

Dix ans ami. Dix ans aujourd'hui.
Je n'oublie pas.
Je n'oublie pas non plus ces dix jours là. Ils sont lié dans ma mémoire collective et font sept ans.
Ces dix jours coma où peu à peu tu es parti, nous laissant le temps finalement de nous faire à l'idée, laissant l'espoir se faner, comme si on pouvait se faire à ces idées que l'on n'a pas et qui nous tombent dessus, un jour.
Dix jours comme on prendrait la main de l'autre en lui disant, va, va ton chemin, va, moi je m'arrête là, va, je ne souffre pas, alors ne souffre pas.
Nous avons donc cheminé et personnellement, j'ai mis du temps à prendre la route.
Je crois même que par moments, ma route se perd, s'arrête, je cherche boussole alors, et je mesure comme ce jour-là, il fait nuit. Ce jour-là est une nuit. 
Qu'il faut bien nicher quelque part dans les replis d'une année. 
Dix ans se sont donc écoulés, ces dix jours-là pèsent presque aussi lourd que ces dix ans-ci. Comme si on avait alors tout vécu. Entre temps. Entre tous. 
Ce 10 décidément est rond mais il ne rime à rien. 
Bien des chiffres se valent, finalement. 
Les plus petits ont mis des un devant leur âges, d'autres des deux, nous des quatre, nos anciens des sept et des huit. Des compteurs se sont arrêtés. Des compteurs se sont ouverts. Quelques couples ont fait soustraction. D'autres sont arrivés. 
La vie quoi. 
La vie d'ici.
D'ici bas, comme on dit.
D'ici haut, également.
Au fait, tu as ton arbre, tu sais. Un pommier. Il pousse bien, je crois.  Ses racines traversent le pays. J'en possède quelques brins. Quelques rayons, disons. J'aime bien ce qu'on en dit, ça te convient assez, ça me va également. Pommiers nous sommes. J'ai notamment retenu ceci : 
Pommier - Frêle, possède beaucoup de charme, a un bon pouvoir de séduction et d'attraction, a une aura plaisante, est aventureux, sensible, veut aimer et être aimé, partenaire tendre et fidèle, est très généreux, a des talents scientifiques, est un philosophe, imaginatif
Depuis quelques années, lorsque surgit le 30 juin, je pense à toi et je souris. 
Tristement de prime abord, plus chaudement ensuite. Je suis heureux de t'avoir connu, heureux que nous nous soyons trouvés, ça ne coulait pas de source, on n'est pas des mêmes embouchures. 
Je suis heureux de t'avoir accompagné et tout aussi heureux que tu m'accompagnes.
Et si parfois, je me dis que tu n'as peut-être pas eu tort, d'autres fois, je me dis que nous avons eu raison.
Raison de plus, disons. Des raisons, en tout cas. 
Je pense ce soir à ces dix années inconnues de toi et connues de nous, et je me dis qu'ils sont épais, les ans. Je ne me demande plus comment tu aurais évolué. Ce que tu dirais si tu venais à débouler là. Je note juste que ça a plus changé qu'on ne croit. Que c'est plus en mouvement que ça n'en a l'air. Et ceci me plaît assez. 
J'ai continué le chemin, te laissant tes cailloux arrêtés, continuant de déposer les miens. La plupart sont polis, de ces politesses que j'aime tout autant adresser aux anciens et aux futurs.  
Nous le valons bien.
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