Et aujourd'hui, ben aujourd'hui y'a son petit dernier et y'a Paul Brannigan (Robbie). Il a l'Oscar de la loose, la Palme d'Or de la gueule infernale, le César de la poisse le Robbie, il est "échelle" sous laquelle on passe et chat noir ce mec, tout ce que vous voulez, y'a qu'à demander la tuile : vous êtes servis ipso-facto !
Ces breloques & prix pourraient s'afficher aussi dans les paluches grandes ouvertes pour les saisir chez les comparses "Pieds Nickelés" du jeune Robbie : la petite Mo, grande kleptomane devant l'éternel, l'ahuri-fêlé binoclard Albert et le géant dégingandé lunaire gentil rustre Rhino. Tous paumés de chez paumés, tous sur la touche, eux aussi la loose à grande louche, tous joyeux trinqueurs des boissons amères de l'ère post-tachérienne qui coulent à flot en Albion dans les rues, les banlieues saccagées, les villes ouvrières ravagées. L'onde de choc tragique de Maggie la sanglante, de Maggie la démolisseuse du tissu industriel et des services publics qui mettra des lustres à s'effacer (?) chez nos voisins grands-bretons s'agite encore. Pays ravagé par "la crise" la GB s'il en est ! Mais la Grèce, mais l'Espagne, mais l'Italie, mais nous ?
Robbie a une gueule infernale, oreilles décollées, balafré de partout, sur la tronche, à l'intérieur aussi, un aspect physique insignifiant - frêle - mais boule d'énergie, centrale nucléaire noire quand il est sous "substances" - capable du pire et il le fera -, teigneux comme 100 diables de Tasmanie, 100 carcajous du Québec.
Faut faire bref, je vais pas balancer 100 lignes, aucun intérêt, juste vous conseiller toutes affaires cessantes d'aller voir ce film. Donc, résumé raccourci XXL : Pieds Nickelés en route pour une arnaque dans les Highlands. Au hasard Balthazar un instant de ce film, une bribe : Incroyable et drolatique scène dans le chai, nuitamment, à pomper le jus, l'or liquide plutôt d'un improbable tonneau touché du doigt de Midas. Je peux pas vous en dire plus...
Mais ce film ! Pas chef-d'oeuvre immortel bien sûr, mais film kenloachien s'il en est, ce film plein d'humanité, peinture juste et rugueuse des temps modernes, démonstration de la juste débrouille, plein de trucs encore, si vrais, si forts... Mon Dieu ! Je revois comme si c'était hier le bouleversant "Kes" (1970) en filigrane. Quel mec ce Ken Loach ! Quel réalisateur !
Alors oui, les trois potes de Robbie pour leurs tronches, leurs coeurs, alors oui, Harry l'éducateur, pour lui-même Harry, son personnage père & frère protecteur-rédempteur-accrocheur qui croit en son boulot, qui croit que les paumés peuvent se dépaumer, Harry gosier-fin, bouleversé quand il reçoit le cadeau final royal de Robbie, ah, cette scène !
Et surtout oui pour Robbie dans ce film ! Robbie pour son envie de vivre, de changer, Robbie et la scène bouleversante : la caméra le saisit in touch quand sa victime raconte ce qu'elle a enduré sous ses coups, tout le désarroi, la juste contrition silencieuse sont en lui, exprimés sur le visage de Robbie-bourreau, Robbie-le loup qui défend sa famille & progéniture, sa tannière, comme le loup dans la poésie de Vigny (la scène du couteau), Robbie surtout & surtout pour ses beaux yeux bleus ouverts malgré tout sur une formidable envie de vivre, une envie de voir le soleil et non la sempiternelle grisaille de la vie, une envie de voir le verre à moitié plein, pas celui à moitié vide, une envie de vivre debout, une envie de se réhabiliter aussi (scène incroyable quand il jure à son bébé devant sa merveilleuse petite copine Léonie qu'il ne fera plus jamais de mal à personne), scène si juste, si touchante encore et pour finir quand il tient son bébé, le regarde, le regarde encore... Robbie l'obstiné quand il réaffirme à sa brute de beau-père que non, son fils ne s'appellera pas Vincent mais Luke (la chance). Luke et pas autre chose. LA PART DES ANGES : Film à voir absolument !
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