Silence, l’inspiration du Week-End

J’ai eu une chance inouïe, enfant. Je vivais au milieu de la cambrousse, mes plus proches voisins étaient deux couples de gens installés dans le coin depuis des générations. Les premiers étaient assez âgés et occupaient leurs journées en entretenant leur potager, quant au second, la femme désœuvrée passait son temps hors de la maison à épier les alentours (c’est-à-dire nous) pour éviter de trop croiser son soûlard de mari qui, lui, tuait l’ennui sur sa terrasse en invectivant les commentateurs de match à la radio. Autant dire que ces gens là n’étaient pas les compagnons de jeu idéaux pour une petite fille esseulée. Trouver un truc à faire devenait vital et c’est là où l’ennui est salvateur, car il pousse à se montrer curieux et à s’intéresser à n’importe quoi.