La promesse doit être honorée. Pendant sa campagne électorale, François Hollande s’est fermement prononcé pour l’interdiction du cumul d’un mandat de parlementaire avec celui d’un exécutif local: à terme, il ne devait plus être possible d’exercer conjointement un mandat de député ou de sénateur avec une fonction de président de conseil général, de conseil régional ou de maire, et cette interdiction pourrait également viser la présidence d'une structure intercommunale.
A la lumière du taux d’abstention aux dernières élections législatives, un record sous la Ve République, il s’agit d’une exigence aussi louable que salutaire. La mesure permettrait, par surcroît, un renouvellement de la classe politique: la moyenne d’âge des représentants de la Nation reste l’une des plus élevées d’Europe et s’explique sans doute par les dérives d’un clanisme provincial nourri de cette tradition électorale. Contrairement à la capitale qui brasse des élites variées et fluctuantes, les villes de province se caractérisent en outre par un unilatéralisme électif. Voire atrophiant. Une séparation stricte entre le mandat de député ou de sénateur et celui d’une magistrature locale redonnerait un certain souffle au système politique dans l’Hexagone.
La mesure devait s’appliquer dès la prochaine rentrée parlementaire. Mais déjà sourdent les manœuvres et les résistances des élus, majoritairement socialistes compte tenu de la composition de la nouvelle Assemblée. Certains ergotent, tergiversent et jouent la montre en développant des arguments sur la proximité avec les administrés ou sur la connaissance du terrain. Entre la phrase du Ministre chargé des relations avec le Parlement, Alain Vidalies, semblant reporter cette loi à la fin de l’année 2013 en espérant sur ce sujet une "anticipation à l’intérieur du Parti socialiste" et celle du Président du groupe socialiste à l’Assemblée, Bruno Le Roux, suggérant une "décision du Parti", l’affaire semble mal engagée. A quoi sert d’avoir réduit la rémunération des ministres et du chef de l’État, d’avoir fait adopter une charte de déontologie des ministres, de contraindre les dirigeants des entreprises publiques à baisser leur salaire si les représentants de la Nation chargés de voter les lois se dispensent eux-mêmes des restrictions qu’ils imposent aux autres? Il est certes louable que le nouveau Président de l’Assemblée nationale abaisse de 30% ses indemnités. L’arbre ne saurait toutefois cacher la forêt.
Des résistances incompréhensibles, sinon critiquables. Et à même de parasiter durablement l’image présidentielle. Soyons clair: ce n’est pas la rue de Solférino qui a remporté l’élection présidentielle en mai dernier. Et il ne faudrait pas que l’abandon, par le chef de l’État, de cette mesure à la fois symbolique et profitable à la vie politique française, devienne une sorte de "Fouquet’s" pour le nouveau locataire de l’Élysée.