Je n’ai pas eu l’occasion de présenter quelques impressions qui me sont venues en découvrant au tout début du mois de juin l’exposition intitulée « Jardins Jardin aux Tuileries » dont j’ai rapporté beaucoup de photographies et une grande pile de documentation. Je m’étais promis de le faire en commentant la présence de certains exposants particulièrement créatifs ou de certaines écoles. Mais j’avais surtout gardé l’impression de me trouver devant un ensemble de propositions qui, en s’adressant d’abord aux citadins, avaient intégré le fait qu’il fallait trouver des solutions pour des terrasses, voire des appartements citadins en sortant des aménagements paysagers à base de bouleaux et de pétunias dans des bacs, ou de fougères résistant plus ou moins bien aux variations climatiques incontrôlables des immeubles. Au fond cela me convenait bien puisque je vis essentiellement dans un espace confiné, même s’il regarde une étendue d’eau et vit au rythme des canards, des poules d’eau et des cygnes qui habitent le bassin qui se développe à Strasbourg entre le barrage Vauban et le Pont couvert. Et de surcroit, j’ai immédiatement imaginé des solutions pour le seul jardin que je ne peux malheureusement pas cultiver vraiment, ne résidant à Evian que par à-coups, mais pour lequel des solutions devraient être trouvées pour agrémenter une prairie qu’il vaut mieux faucher qu’aménager. Il s’agit donc là d’une série de chroniques qui constituent plutôt une série de : « j’ai aimé ».
Jardin de Noëlle BrehamJ’ai aimé les jardins en bac, les pockets gardens qui ont laissé quelques célébrités s’en donner à cœur joieen explorant l’idée de présenter un thème dans un espace d’environ deux mètres sur deux et en suivant un slogan propre à me plaire « Silence, ça pousse ! ». Je connais la voix de Noëlle Breham qui sucre ses interventions en guidant des questions d’enfants vers des personnalités qui jouent les Oncles Paul en tentant de répondre dans un langage adapté… et y réussissent quelquefois. Des plantes de bords de chemins. Autrement dit des compagnes dont nous arrachons parfois les tiges en passant, les propageant ainsi comme il faut quand elles sont à maturité. Avoines, pâturins, silènes, brizes, vipérines, compagnons blancs – justement -, stellaires, marguerites et quelques chardons pour le fun. Nous sommes près des champs, sur des talus de fauchage tardif. On a ainsi évité les orties qui reviendront dès qu’on s’approchera de nouveau des habitations. Je sais, à cette saison, au bout de deux heures, le pollen des Graminées a déclenché une véritable allergie. Mais quelle promenade !
Jardin de Claire Fournier
Le douanier Rousseau se pousse un peu entre les lys et les philodendrons voulus par Claire Fournier. Et pourtant aucun joueur de flûte sorti d’un rêve du douanier n’est venu conter fleur bleue à Elie Semoun qui aime les menthes, les campanules et les pervenches. Je ne savais pas, par contre que Marina Carrère d’Encausse et Michel Cymes, les deux docteurs miracles de la télévision seraient si épineux en partant à la recherche de Majorque en dressant des plantes succulentes entre des bougainvilliers et un palmier.
Jatrdin d'Elie Semoun
Et j’ignorais vraiment que Madona Bouglione ferait remonter le cirque à l’époque médiévale : piments, pois de senteur, carottes, tomates, choix et asperges, dans un gentil mélange qui ne tient pas vraiment compte que l’Amérique n’est pas encore découverte. Je ne savais pas non plus que Jérôme Bonaldi, le découvreur fou serait aussi sage dans son jardin de simples pour cerfeuil, basilic et persil, mauve et armoise.
Jardin de Madona Bouglione
Et ainsi va le monde où Michel Deville met en scène un « meurtre côté jardin » qui n’a rien du flegme d’un meurtre dans un jardin anglais, même si la statue d’Henry Moorele regarde et restera aux Tuileries pour tous ceux qui viendront y faire pèlerinage.
Henry Moore. Reclining Figure