Et vous voulez d’un livre y transcrire l’esprit
Du siècle et néanmoins qu’il ait âme éternelle –
Saura votre vouloir en payer tout le prix
Quand vous auriez la Muse dans votre escarcelle ?
Ecrire un roman d’aventure ou un roman psychologique ? Ecrire hollywoodien ou écrire cannois ? Ecrire une œuvre distrayante, enfin, ou écrire un chef-d’œuvre ultime ?
S’il est légitime de vouloir transcender les genres, de faire de ses mots un ouvrage sublime, Gustave Borjay se laisse aller à vous rappeler qu’avant de vouloir, il faut encore pouvoir. Il vous faut, pour pouvoir prétendre à une telle réussite, ou une idée novatrice, ou une atmosphère, une façon de narrer qui surpasse tout ce qui jusque-là avait été fait.
« Facile, dites-vous, j’ai ce talent en moi ! » Il vous faudra encore, pour parfaire ce départ, posséder un style impeccable, qui puisse magnifier chacune de vos idées.
« Pas le moindre problème ! » Il vous faudra encore vérifier et peser, de même que vous vérifierez et pèserez tous les mots de vos phrases, la place de chaque passage, son importance et l’équilibre qu’elle confère à l’œuvre.
« Facile, par ma foi ! » Il vous faudra enfin vous débarrasser du vulgaire, de la facilité, du moindre effet facile qui vous viendra à l’esprit. Il faudra qu’à la vue du résultat, le lecteur se dise qu’il n’y a rien à changer à votre prose, et qu’elle ne fait qu’ajouter à la superbe du fond.
« C’est tout ? C’est tout ce que vous avez à me dire ?
Rien que de très banal !
— Oui, c’est tout, c’est écrire.
Vous n’avez désormais qu’à vous mettre à l’ouvrage. »
Gustave Borjay vous salue.
« Vous pourrez à mes pieds déposer vos hommages. »