Cette histoire n’a rien à voir avec des faits réels. Toute ressemblance avec des personnes ayant existé ait fortuite.
Imaginez une dizaine d’Indiens en goguette, ayant quitté leur terre natale le temps d’un week-end dans les Alpes. Passées les premières frayeurs (comme le ratage d’une correspondance aérienne), les premières déceptions culinaires (non seulement ça n’a pas de goût mais surtout il n’y a que de la viande rouge), les voilà pagayant bon an mal an dans des rapides alpins.
Est-ce nécessaire de préciser qu’aucun n’entre eux ne sait nager mais qu’un seul a eu le courage de le dire, et de surcroit de ne pas signer l’attestation comme quoi il sait nager ?? Après cette épreuve et une tomate (c’est tout ce qu’ils ont trouvé à se mettre sous la dent dans le pique-nique), voilà-t-y pas qu’on leur demande de participer à l’activité accrobranche !
L’animateur est clair : pour ceux qui n’en ont jamais fait et ceux qui ne sont pas en grande forme physique, ce sera le parcours bleu. Pour les autres il y a le rouge, et le noir (attention très difficile). J’ai à peine le temps de me retourner que toute l’équipée a enfilé des baudriers et s’apprête à attaquer le parcours… noir. Mais oui. Mais bien sûr. Quand est-ce que vous avez fait du sport pour la dernière fois ?? Jamais ?? Ce matin ?? Bon. Nan machin, monter au cocotier quand tu avais cinq ans ça ne compte pas. Alors maintenant les amis, on va au parcours bleu et que ça saute. Non mais attends, la noire, et puis quoi encore ?? C’est des malaaaades !!
Bon. Je me retourne à nouveau et ils sont partis pour la rouge, moins deux qui ont déjà abandonné – un obèse et une crevette (qui étaient pourtant bien chauds pour la noire !). Evidemment. Cette fois-ci je laisse courir, autrement je vais vraiment les vexer. Nous avons quand même une belle brochette de mâles indiens qui se font interdire de montrer leurs biscottos supsendus dans les arbres par une femme blanche… J’abandonne à contre-cœur ma piste bleue et les suit.
Au troisième arbre, alors que je suis déjà terrorisée et épuisée, nous sommes arrêtés par un bouchon. Devinez ce qui se passe ? Nan, raté, c’est pas mes Indiens. C’est juste une grosse blonde sud-africaine qui se fait descendre en rappel. Au quatrième arbre rebelotte. Et là, je vous le donne dans le mille, un Indien, puis deux, puis trois, puis quatre qui se fait tracter vers la terre ferme !! Ils abandonnent !! Alors là, je ne vais pas me gêner :
- « Oh les gars, bah alors on abandonne ?? Qui sait qu’à dit qui fallait faire la bleue hein ?? »
- « On est fatigués, on a mal aux bras à cause du rafting. »
- « Et tu crois que c’est pour quelle raison au juste que je t’ai dit de faire la bleue? Tu crois pas que je suis fatiguée moi aussi ? »
- « Bah alors descends ! »
- « Ah non, moi je n’abandonne jamais. »
Et paf prends ça ! Je continue donc vaille que vaille.
D’autant qu’une nouvelle collègue indienne vient de me rejoindre en queue de peloton. Elle je ne la connaissais pas, alors je n’ai pas osé la dégager de la piste noire. Et pourtant… Elle est catastrophée d’avoir dû abandonner, après deux tentatives infructueuses pour grimper dans le premier arbre, le parcours noir. Elle m’en rabache les oreilles pendant une heure d’ailleurs. Jusqu’à ce que je lui dise qu’elle n’avait rien à prouver à personne, on est là pour s’amuser ! Et pour terminer, alors qu’elle est clairement à bout de force, elle choisit l’option « difficile » sur la dernière partie du parcours. Elle va donc s’écraser dans un filet suspendu dans les airs (ça c’est prévu dans l’option) dont elle n’arrive pas à s’extirper (ça c’est pas prévu). Pauvre mouche qui se débat dans une toile… Quelqu’un doit aller à sa rescousse.
Ils font pas dans la demi-mesure ces Indiens !
Et ils doivent se dire que les Français sont des maboules, ils mangent quasiment rien (en tout cas rien qui baigne dans le gras) et ils ont des activités sportives en plein air de tarés !!