Je longe le chemin
à moins que ce ne soit lui qui me longe
nous sommes complémentaires
il promène
j’accueille
parfois
un promeneur vient s’asseoir
je lui accorde un instant de repos
un moment de silence
je l’écoute
il n’en sait rien
mais je devine
je sais qu’il apprécie l’herbe
à mes pieds
le silence
les arbres
au loin
où il peut porter son regard
et penser à autre chose
quelque chose de secret
qui se traduit en soupirs
quelque chose d’inquiétant
qu’il rythme en cadence avec son pied
quelque chose de tendre
qui le fait sourire
parfois
il arrive que quelqu’un le rejoigne
je me fais discret
j’aime les amoureux
surtout au tout début de leur histoire
quand leurs mains timides me touchent
avant de se rejoindre
j’en suis tout ému
je ne suis pas un solitaire
j’ai mes habitués
certains viennent depuis des années
ils me parlent
ils ont passé l’âge de se sentir bête
j’y suis attaché
ils sont ma famille
et quand l’un d’eux
soudain
cesse de venir
je sais qu’il est parti là d’où l’on ne revient pas
alors je pense que peut être
un jour
plus tard
quand je serai très vieux
ailleurs
si ailleurs existe
nous nous retrouverons
il y aura un chemin
qui me longera
à moins que ce ne soit moi…
©Adamante
J'offre ce banc au banc du rien faire à Hélène chez qui l'idée de ce texte est née.