Maintenant que je suis tout seul. Dans ce salon complètement vide, ils sont tous partis, tous ceux que je connaissais et qui me connaissaient. Je peux faire ce que je veux, crier, sauter, galoper, invectiver. Personne n'est là pour me regarder, pour me dire que c'est bien ou mal, personne n'est là pour pleurer ou rire avec moi. Personne n'est plus là pour qu'on se rappelle le bon vieux temps. Le bon vieux temps, mort et enterré. Ça fait un bail, on ne se voit plus, on ne se donne plus de conseils. Triste, un peu. Les mots, esquissés. Ma langue, trébuchante. Les années romantiques. Passé imparfait. Le feu, la passion, la foi. Des couleurs, des atmosphères, des amis. Beaucoup de ferveur. De la joie et de l'amour. Puis un grand trou béant. La routine. Les jours sans heurts. Les jours voilés.
Pourtant, que vous étiez belle. Que l'amour était beau. Quand j'étais jeune et portugais, la vie n'était pas triste.