Au téléphone, il pleure.
Il parle avec sa maman. Vous entendez les pleurs. Elle dit qu'il craque.
La colo, ça ne le fait pas trop et les jours sont de plomb, pour lui. Il n'ose pas trop. La ramener. Demander. Se confier. Il tient la journée, il se laisse prendre par les activités, mais le soir, il relâche. Il dit qu'il tiendra les quelques jours qui restent encore.
Les jours sont de plomb, les heures doivent durer long comme il dit des fois, et de mon côté, je me creuse les méninges pour tenter de me rappeler comment moi je les vivais, ces premiers temps d'une colo. Si peu de souvenirs... Pourtant mon petit doigt qui me dit que ça ne devait pas être si simple.
Pour des parents, c'est dur, les larmes de son enfant.
Pour le coup, presque, on maudirait le téléphone sans trop savoir pour qui il est le plus néfaste.
Surtout quand il a 14 ans, qu'il est en "colo" depuis deux jours et qu'il attend qu'on vienne le chercher.
C'est tentant pour des parents d'aller le chercher. D'abréger ses souffrances, si je puis dire.
C'est tentant mais le petit doigt dit à la petite voix que non, ce ne serait pas une bonne idée.
Et de fait, sans aucun doute, ce n'est pas une bonne idée.
Alors parler, lui demander d'arrêter de pleurer, se demander d'arrêter d'avoir moins mal au ventre, au coeur.
Se dire que ce ne sont que quelques jours, merde, c'est pas grand chose, et puis ce qui ne tue pas rend plus fort, il apprend, indéniablement. Et vous aussi. Mais on apprend quoi ?
Se dire que c'est un moment de la vie important, il doit trouver seul des solutions et des réponses à une situation qui, de prime abord, n'est pas confort pour lui. Il va vers lui, ce faisant. C'est difficile, évidemment. Il n'a pas l'habitude.
Se dire aussi que, ce faisant, dans ce bain de collectif, c'est autre chose que vous lui permettez de vivre.
Il raccroche et le téléphone entre vos doigts, un ange passe, une ombre avec.