Un livret militaire peut raconter beaucoup sur un homme, celui dont je vais vous parler est celui de mon arrière grand-père paternel, Jules Ernest Edmond, né le 22 janvier 1866 à Etroeungt (Nord) de Jules et de Céline. Jules devait être incorporé en 1888, mais il s’est engagé comme volontaire pour cinq ans le 12 juin 1884 à 18 ans à Avesnes sur Helpe dans le Nord. Il était alors employé de commerce à Hautmont (59). Il avait les cheveux et les sourcils châtains, les yeux gris, le front ”couvert”, un nez moyen, une bouche moyenne, un menton rond et le visage ovale; il mesurait 1m72 et n’avait aucune marque particulière.
Il est incorporé d’abord au 37ème régiment d’infanterie comme soldat de seconde classe, y passe caporal le 5 juillet 1885, puis caporal fourrier* le 21 septembre de la même année puis sergent le 25 février 1886 et enfin sergent-major**. Rengagé pour cinq ans le 21 février 1888, il devient adjudant le 26 février 1893 et se rengage en juin 1893 toujours pour cinq ans. Il est commissionné à compter du 12 juin 1899 par une autorisation d u Général de la 22ème brigade d’infanterie. Il passe dans l’armée territoriale le 11 octobre 1902 ayant fait une demande de liquidation de retraite et se retire à Laxou (54) à l’asile d’aliénés de Maréville comme secrétaire de direction. Il effectue une période d’instruction militaire au 4ème régiment territorial d’infanterie du 25 septembre au 8 octobre 1905.
Au chapitre des décorations, il est écrit “Autorisé par décret du Président de la république en date du 25 juillet 1902 à accepter et à porter la médaille d’or de l’ordre de Saint Stanislas qui lui a été conféré le 25 juillet par l’Empereur de Russie”. Il a aussi été décoré de la médaille militaire par décret le 4 décembre 1902.
On apprend aussi dans son livret que le certificat de bonne conduite lui a été accordé; qu’il a été vacciné avec un “succès certain”, qu’il savait lire et écrire à son arrivée au corps; qu’il a commencé l’escrime le 15 juin 1884 et a été admis à faire l’assaut le 1er avril 1886; qu’il savait nager à son arrivée et considéré comme nageur ordinaire au moment du passage dans la disponibilité. Ses résultats au tir à la cible étaient bons puisqu’en 1885 il était 3ème au classement sur un champ de tir de 600 mètres et 1er au classement en 1894 et 1er également au tir au revolver.
On trouve dans le livret la liste des effets fournis aux soldats. Cela va du bourgeron*, à la capote*, aux brodequins*, au dolman* ou aux guêtres de cuir; mais aussi aux cartouchières, au ceinturon, au havresac*, au fusil, sabre et revolver. Afin d’avoir des effets à la bonne taille on découvre un tableau des mesures du soldat à l’incorporation et au moment du renvoi dans les foyers. Je peux dire ainsi que Jules avait un peu grossi (4 cm de + de tour de taille) pendant sa période militaire ! Il avait une assez grosse tête avec 58cm de tour de tête et ses pieds mesuraient 26 cm!
Un peu plus loin, il y a les comptes qui devaient être visés par le capitaine. La première mise à l’incorporation était de 40 frs mais rapidement engloutis par la distribution de petit équipement coûtant 40 frs et 15 cts ! Pour les 16 premières journées, il touche 1,92 frs soit 12 cts par jour, puis il est payé 11,04 frs par trimestre. Ses dépenses étaient pour des ressemelages, une cravate, un étui-musette, un étamage de petite gamelle ou de quart, une brosse, une paillasse à laver ou un nettoyage de drap. En 1885, il n’est plus payé que 11 cts par jour, mais je n’en connais pas la raison. Il lui reste 15 frs et 53 cts lorsqu’il passe caporal le 5 juillet 1885 et à partir de ce moment il n’y a plus ni recette ni dépense, mais toujours la liste des petits équipements et réparations nécessaires à la vie militaire.
Voilà tout ce que j’ai pu tirer du livret militaire de Jules DRUESNE. Il sera rappelé sous les drapeaux pour la guerre de 1914-1918 mais mourra le 22 décembre 1914!