Pas mal de réflexions ces derniers temps. Le cerveau en ébullition. Des idées en veux tu en voilà, sur lesquelles il faut mettre des mots, des discussions interminables (mais agréables)au sujet de valeurs, de concepts.
Revoir ses ambitions, énoncer certaines choses d'une certaine manière afin d'atteindre un but précis. Autant de choses qui font qu'il n'est pas toujours évident d'écrire ses rêves et de dessiner sa vie.
Toutes ces considérations m'amènent à réfléchir à ces lieux que sont les blogs et à ce que l'on s'emploie à y montrer. Quelle est la part du réel, quel pan de la réalité qui est nôtre choisit-on de dévoiler? A force de privilégier une esthétique, n'est ce pas une certaine sincérité qui s'en trouve entachée?
Ce que je livre ici de personnel est "véritablement sincère". En revanche, la forme, les images que je lui donne le sont peut être moins. Que diriez vous, si demain je vous montrais le plafond écaillé de ma salle de bain? Ou qu'à la place du récit de beaux moments vécus en famille, je vous contais la dernière crise en date de la plus jeune de mes filles. Et si je remplaçais les pastels par les mégots de ces trop nombreuses cigarettes que je fume? Il est vrai que je prends ici des exemples extrêmes (quoique) et qu'avec un certain regard et un bon appareil photo... Mais seriez vous toujours aussi nombreuses et nombreux à trouver les petits morceaux dévoilés de mon univers aussi plaisant à regarder? Fini l'évasion, plus de poésie, juste la réalité (morose).
Pour ce qui est du fond, comme je le disais, il est sincère et spontané. Avoir ce petit coin ci à moi m'aide quotidiennement. Parce que j'aime profondément partager des coups de cœur, des découvertes. Parce que je me délecte de ces échanges généreux avec des personnes qui me sont inconnues mais dont les univers me parlent, me plaisent et m'inspirent.
Cependant, je me suis souvent demandé si les images illustrant ces univers, qui paraissent être prises au vol et capturer un simple instant du quotidien, faisaient réellement partie de la vie de tous les jours ou sont- elles des moments choisis, mis en scène, améliorés à travers le prisme de la photographie et de la recherche d'une certaine esthétique?
Cette interrogation reste sans réponse (même si je suis convaincue du fait que nous avons toutes et tous des zones obscures) et renforce le côté paradoxal de ma réflexion. J'aime cet endroit parce qu'il me permet de m'épanouir dans certaines choses. Mais la vue de ces images, qui semblent si parfaites à la fois dans leur forme et leur fond, me ramène parfois à ce que j'aimerai changer ou améliorer dans ma vie de femme, de mère. Je pense avoir trouvé un compromis à ce va et vient entre une mise en scène esthétique des petites choses agréables qui font partie de mon quotidien, que je juge dignes d'être vues et partagées, et ces zones plus noires, moins agréables à lire, à regarder et qui elles aussi font de moi ce que je suis...
J'ai choisi de ne partager que les bonnes choses, de les présenter de la façon la plus agréable et attractive, et de cesser de me dire que cet endroit ne correspond pas assez à ce que je suis dans la vie de tous les jours. Quand j'ai l'impression que rien ne va comme je voudrai, ce sont toutes ces petites choses de la Madame qui me poussent à ne retenir que ce qu'il y a de mieux dans tout ce qui m'entoure....
Et pour illustrer ma sincérité, un souvenir de feu madame la coriandre que j'ai négligemment regardée mourir. Et demain qui sait, mon cendrier débordant ou une boîte de raviolis, mais attention, des raviolis servis dans une très jolie vaisselle...