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Le plaisir d’etre grand-pere.

Publié le 20 juillet 2012 par Citoyenhmida

J’ignore s’il existe véritablement  un “art d’être grand-père”Victor Hugo semble l’avoir exercé, mais je crois que c’est beaucoup plus son égo de grand- poète qui a prévalu dans cette affaire : le vieux poète  a dû éprouver un plaisir certain à être grand-père et il a pris cela pour de l’art.

Pour ma part, depuis trois ans et demi, je vis mon état de grand-père avec un plaisir renouvelé.

Pas besoin d’avoir du talent,  ni d’être un artiste, ni de maitriser un art quelconque pour être un grand-père comblé.  Il suffit juste d’être à l’écoute de son gamin, de lui consacrer du temps et de le laisser vivre sa vie : le plaisir est infini parce que changeant, infini parce que inattendu, infini parce que spontané.

Plaisir de voir une petite vie se construire au jour le jour, et parfois même d’heure en heure! Aucun art de la part du grand-père, aucune prédisposition spéciale : juste donner le temps à son petit-fils d’évoluer dans un monde qu’il découvre, parfois avec émerveillement, d’autres avec une certaine frayeur, souvent avec curiosité et toujours avec intérêt.

Plaisir de voir son gamin devenir chaque jour plus sûr de soi, plus téméraire. Hier, il craignait l’eau de la piscine et ce matin il s’y jette avec délectation en riant aux éclats. Avant-hier, il refusait de s’approcher du poney tout doux et demain il le chevauchera en lui intimant l’ordre de galoper, comme il l’a vu le faire dans ses dessins animés. Pas besoin d’être un artiste pour jouir de ces moments, ; il suffit juste de les vivre.

Plaisir d’entendre le petit se raconter mille et cent histoires, où se mêleront les héros des contes que vous lui aurez racontés avec les noms de personnages qui vous sont totalement étrangers mais que lui maitrise à la perfection, imitant leur voix. Point n’est besoin d’être expert en théâtre pour apprécier ces prestations qui continuent jusqu’à ce que  le sommeil réparateur finisse par les ensevelir.

Il n’y a pas un art d’être grand-père : le vieux Hugo, tout imbu de sa gloire de poète, a cru être un artiste juste parce qu’il s’est donné la peine de s’intéresser à sa petite-fille.

Le véritable art réside dans la faculté d’un gamin de trois ans de tenir une discussion, surtout un gamin de chez nous, dans cet étrange sabir où se mêlent l’arabe et le français, avec quelques mots d’anglais parfois (eh, oui Dora et ses DVD piratés contribuent au multilinguisme plus que la politique officielle du pays).  Écouter cet délicieux verbiage, voilà un plaisir que Hugo n’a jamais gouté; mais lui, le grand poète l’aurait-il apprécié?

L’art, car s’en est un, est pour un gamin haut comme trois pommes, d’amadouer un vieux monsieur, qui en a vu des vertes et des pas mûres : le plaisir reste entier pour le grand-père de succomber aux caprices  “la chair de sa chair” – l’expression n’a jamais mieux évoqué son sens que dans le cas du fils de votre propre fils -.

Victor Hugo a surement atteint le sommet de son art de grand-père quand il a écrit à propos de sa petite-fille Jeanne, “qui parle et qui dit des choses qu’elle ignore” :

” Dieu, le bon vieux grand-père écoute émerveillé”

Oui, le grand poète a trouvé ce mot tout simple pour résumer le plaisir d’être grand-père : ÉMERVEILLÉ!

P.S. : en cette veille de Ramadan, je présente mes vœux à tous les grand-pères et toutes les grand-mères (et Dieu sait si elles sont importantes dans la vies de petits mioches),  à tous les papas et à toutes les mamans et aussi à tous les gamins et gamines qui n’en finissent pas de nous émerveiller!


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