L'avant veille de partir, grand-père est au bureau de la caserne pour mettre tout en ordre et finir le dossier de mobilisation. La veille du départ, il est de garde à la Gare de Bercy-ceinture avec le Sergent Focquenoy qui fut tué à Romain le 22 août en réparant la ligne téléphonique. De là il voit partir les trains de réservistes et tous passent en chantant. Ce n'est qu'un enthousiasme indescriptible. Le soir, il mange dans un restaurant avec l'aumonier de Vincennes et rentre coucher à la caserne. Le 6 août à 9h 30, tout le monde part de Reuilly (le 1er bataillon est déjà parti avec la musique à minuit).
En marchant avec les camarades, grand-père voit une foule en délire. Les Parisiens leur prodiguent des bravos, ils leur offrent des fleurs, du vin, du chocolat et même de l'argent. De pauvres vieilles pleurent. Tout le monde chante la Marseillaise, le Chant du Départ, Sambre et Meuse. Ils se dirigent vers la Gare de Pantin où ils arrivent vers 12 h. Ils embarquent pour une destination inconnue. Ils suivent la Marne, passent Troyes, Bar le Duc et enfin arrivent à St Mihiel à 20 h 30.
La nuit se passe bien, ils dorment comme ils peuvent. Puis le lendemain ils traversent la ville. Ils partent vers Apremont la Forêt. Ils font ainsi 6 kilomètres. Sur la route ils voient des cultivateurs achevant de couper la récolte.
Tout à coup, ils entendent le bruit d'un canon... Mais c'est un bruit sourd, presque imperceptible.
Ils arrivent dans une petite localité. Ils couchent presque tous dans la même grange, soit 210 hommes. Ils mangent et restent à Apremont la Forêt les 7, 8 et 9 août.