Tu le sais, j'ai toujours aimé Nelly Furtado. Surtout avant qu'elle n'ait du succès en 2006 avec son album Loose, qui généra moult singles, grosses ventes et âge d'or des productions de Timbaland. Un âge d'or qui prit fin vers 2008 lorsque Madonna récupéra le train Timbaland en retard (voire dès 2007 lorsque M Pokora tenta de faire les poubelles de Justin Timberlake en récupérant une chanson produite par Timbaland sur son album MP3)... Mais depuis 2006, Nelly s'est faite discrète, pondant un album en espagnol en 2009 dans une indifférence quasi-générale, puis un best of passé globalement inaperçu en 2010. A chaque fois, un lead single a été proposé, mais les radios n'ont pas suivi. Il y a quelques semaines, elle dévoilait le clip du premier single de son futur album, un truc improbable intitulé Big Hoops (Bigger the better) où elle se trimballait avec des échasses sur fond de montage saccadé qui fait mal au crâne.
Le truc a végété dans les tréfonds des charts internationaux sans parvenir à effectuer une percée significative. Deuxième (dernière ?) chance pour Nelly Furtado avec le deuxième extrait de l'album The Spirit Indestructible : le single éponyme. Pas sûr que ça accrochera beaucoup plus de public, mais finalement je commence à ressentir pour Nelly Furtado ce que je ressens pour Sophie Ellis-Bextor : c'est aussi bien qu'elle ne soit plus un gros hit maker connu de tous et surexposé. Je veux dire, comme pour SEB, une fois qu'on a accepté l'idée qu'elle a eu un gros succès une fois et qu'elle restera ensuite cantonnée à "son" public plutôt qu'à une audience globale, on peut cesser de se frustrer devant ses ventes merdiques...
Aujourd'hui, Nelly a son public captif, celui qui lui permet de vendre entre 500 000 et 2 millions d'albums par nouvelle fournée, soit un nombre très raisonnable pour gagner sa vie et travailler sur l'album suivant. Mais les méga-hits et les 10 millions d'exemplaires écoulés de Loose, il faut oublier.
Ce qui est dommage, c'est que certains pensent que ça la classifie désormais comme ringarde, has been. C'est oublier que Nelly Furtado n'avait jamais été une grosse vendeuse en Europe avant Loose, y compris pour ses singles les plus emblématiques. Elle a eu sa "grande année" en 2006, un peu comme Alanis Morrissette a eu sa grande année en 1995 avec Jagged Little Pill en 1995 et n'a plus jamais vendu autant depuis. N'empêche qu'elle est toujours là. Nelly a juste proposé LE produit musical qui a su coller à l'air du temps en 2006, avant de revenir aux affaires courantes. Tout le monde n'a pas les ambitions de domination du monde de Madonna.
Vus d'aujourd'hui, les singles extraits de Loose en 2006 sont des hits sympas mais oubliables, finalement pas trop le genre de came qu'on se passerait en boucle dans son iPod.
Et quand on prend la peine de s'y pencher deux minutes, des propositions musicales et visuelles comme Big Hoops ou The Spirit Indestructible (habitue-toi à l'acronyme TSI) (quoique tu devrais également pouvoir survivre en ne t'habituant pas à cet acronyme, voire en l'effaçant de ta mémoire d'ici 40 secondes) sont bien plus originales que l'espèce de sous-Ciara peinturlurée qu'elle était presque devenue en 2007, sur la fin de l'exploitation de son album. J'aime bien l'idée que Nelly Furtado ne vendra plus des caisses et des caisses de singles, mais qu'elle continuera de proposer des chansons originales, qui ne soient pas forcément dans la tendance dance made by Guetta ou R'n'B made by Red One. C'est en fait comme ça que j'avais commencé à l'aimer, car même si ce n'est pas dénué de défauts (gloubi-boulga visuel de spiritisme natif américain à deux balles, maquillage à la truelle, naïveté esthétique dans la jolie nature...), c'est bien plus intéressant pour valoriser l'artiste, sa voix, son univers... et donc pour avoir envie de la suivre, d'album en album, dans l'espoir que le tout constitue une "oeuvre" globale qui fait sens, sans se contenter de faire des brochettes de singles à best of.
Allez, Nelly, plante-toi en beauté, moi je l'achèterai quand même, ton disque !