Ces choses qui me frappent chaque fois que je rentre, puis que j’oublie…
Passées les premières minutes de déboussolement (surtout après une nuit dans l’avion), je respire. Je suis chez moi. Pas besoin d’une maison, d’un « chez-moi », juste ce sentiment d’ « appartenance », d’être au milieu de gens comme moi. Un sentiment dont il faut profiter en silence. Parce que sitôt que j’ouvre la bouche, je suis détrompée. Mon expérience d’expatriée séjournant dans ma partie fait de moi quelqu’un de différent, avec d’autres repères. Donc je me sens vite perdue quand les conversations se lancent. Et je ne reste jamais assez longtemps pour me réhabituer, retrouver ma place avec mes semblables. Mais tant que je n’ai pas à ouvrir la bouche, quel soulagement d’être en France. Ne plus être une bête de cirque qu’on photographie ou sollicite sans arrêt pendant quelques jours !*
Au-delà de ces considérations, voici ce qui m’a marquée lors de ce déplacement dans ma mère patrie :
1. Personne ne vous porte vos valises, et il n’y a des rampes nulle part (hôtels, métro, train etc.). Soyez sain, mangez des fruits et des légumes et puis cassez-vous le dos !
2. Dans chaque train il y a la bonne femme aigrie qui, dès qu’une personne va répondre au téléphone, montrera l’autocollant « silence » à son mari en râlant « y a bien écrit pas de téléphone non, c’est incroyable quand même, allez chéri va lui dire d’éteindre ».
3. C’est beau, c’est propre, c’est calme. Le climat n’est pas étouffant.
France - June 2012
4. Les hommes sont beaux. Certes pas tous. Mais c’est quand-même un enchantement pour les yeux, globalement. Et puis les gendarmes… Ah les gendarmes… C'est quand même autre chose que les policiers indiens qui n'ont pour impressionner que leur moustache, leur gros bide, leurs lunettes d'aviateur, leurs pantalons remontés jusqu'au menton et leur baguette de bambou!
5. Parlons des pharmacies maintenant. Des cavernes d’Ali Baba !! Où il fait bon flâner entre crèmes ultra-hydratantes (has-been les crèmes juste hydratantes), pansements anti-ampoules et autres douceurs. Et puis les grandes surfaces. Cette fois-ci, je n’y suis allée que pour une commande : du chocolat pâtissier. C’est tout. Et je suis ressortie avec six kilos de bouffe, au bas mot !! Madeleines, grenadine, saucisson, moulin à poivre, vin, et encore je n’ai pas pu emmener les yaourts. Temple de la consommation certes mais temple avant tout pour moi qui doit faire vingt bornes en rickshaw par 45 degrés pour trouver un millième de ces marchandises.
6. En parlant de consommation, que dire de cette pièce de bœuf dégustée accompagnée d’un verre de vin rouge, avec des copines, dans la cour d’un restaurant nîmois. Trouve-je ça si pittoresque que parce que c’est si rare désormais ?
On m’a demandé un bon nombre de fois pendant ce séjour, et un nombre incalculable de fois pendant ces six dernières années pourquoi c’est difficile de vivre et travailler en Inde. Et à chaque fois que je baigne dans mon environnement naturel, je n’arrive plus à me souvenir. C’est déjà loin !! En général, vingt-quatre heures sur le sol Indien me rafraîchissent la mémoire. J’ai donc décidé de prendre des notes !!
* Je me demande souvent comment les gens « extraordinaires » vivent leur différence. D’ailleurs dès que j’en rencontre je leur pose la question. Comme les enfants d’émigrés par exemple, ou les géants, etc.