ne doit pas devenir la négation de la vérité …
“Dans un contexte difficile marqué par la polémique et qui porte les stigmates du passé, théologiens et historiens, chrétiens et musulmans, se sont opposés sur ces questions au cours des siècles - parfois même au sein de leur propre tradition. La problématique de l’esclavage porte ainsi l’empreinte des passions qui ont couru l’histoire.”
Guillaume Hervieux, étudie à la faculté protestante de Montpellier, puis à l’IEP d’Aix-en-Provence, il obtient ensuite un mastère en science des religions à l’université de Strasbourg. Je le connais bien, c’est un garçon admirable et suis très heureux de pouvoir ici présenter son magnifique ouvrage paru aux éditions de l’Armançon.
Il n’hésite pas à “porter le fer” ou ça dérange au rique de passer pour un “révisionniste”aux yeux de certains.Mais sa seule justification n’est pas mince : “Quand on cherche désespérément ce qui nous rapproche, parfois au prix de déformations historiques et théologiques, demeure, en fin de compte, ce qui nous divise. Mais il ne faut pas avoir peur de ce qui fâche. De cet effort peut naître une fraternité qui n’est pas acquise d’avance. A nous de frayer le chemin pour l’atteindre.”
Le livre avec ses notes et sa riche bibliographie en fin de chaque chapitre doit prendre une
place de choix dans les bibliothèques de ceux qui désirent aller au-delà de l’événementiel. Il n’y aura pas de concessions aux uns et aux autres, l’esclavage “transatlantique” ne fait pas disparaître ici la traite “transsaharienne”, les Noirs eux-mêmes esclavagistes parfois, tout y passe. Les bons ne sont pas que d’un côté, les méchants de l’autre, les confusions entretenues avec les procès de la colonisation déjouées. Et … Par dessus tout la réticence à laisser les politiques s’occuper d’histoire et de théologie éclate : “Le contenu des manuels scolaires devient ainsi un enjeu politique. Il n’est pas seulement un lieu d’histoire, il devient un lieu d’affrontement idéologique… Cette vision manichéenne de l’histoire flirte avec le mensonge. Elle se refuse à, penser la complexité du monde, à reconnaître la pluralité de la barbarie. C’est d’autant plus dommageable que nous avons naturellement du mal à envisager l’universlité de la souffrance.”Les politiques devraient utiliser plus leur énergie dans le dépistage des esclavages modernes -y compris ceux qui sont la conséquence directe d’une organisation mondiale de l’économie aberrante- et dans la lutte contre toutes ces exploitations qui perdurent, plutôt que de s’épuiser dans des débats sémantiques ou historiques que les spécialistes mèneront à bien beaucoup mieux et en dehors des fébrilités de l’instant.
Philippe Hervieux, dans cet ouvrage qui devrait faire date, nous fournit l’exemple d’un travail de haute qualité refusant les ostracismes manichéens des uns et des autres. C’est la raison pour laquelle … Il sera peut-être voué à la réprobation “clanique”. Vous, qui l’aurez lu, ferez partie de ceux qui refusent de telles oppositions créées par le mensonge.