Découverte de cet auteur dont le style d’écriture m’a littéralement charmé. Carole Martinez nous emmène en Espagne à la découverte d’une génération de femmes se transmettant une boîte magique et des prières capables de changer le cour des choses. Tout commence avec Frasquita Carasco, une jeune espagnole qui hérite de la magie de sa mère et de la fameuse boîte en question. Recélant des trésors propres à chaque femme qui la possède, Frasquita reçoit des fils et des aiguilles, qui, une fois utilisés, transforme le moindre tissu en une merveille de couture. Elle grandit, se marie et les premiers enfants naissent. Chacun possède des dons particuliers qui font de cette famille une famille respectée mais aussi crainte et assimilée à la sorcellerie. Les aléas de la vie vont mener cette mère et ses cinq enfants à travers les chemins sinueux de l’Espagne où ils vont faire la rencontre d’une bande de rebelles, d’un ogre, participer à une rébellion, habiter dans une grotte, utiliser leurs prières et développer leurs dons. Couture pour la mère, chant, plume, dessin, lumière, ombre et contes pour les enfants, cette famille sème son histoire sur leur route et chaque village se souvient du passage de cette mère en robe de mariée traînant ces cinq enfants et enceinte du sixième. Cette famille va encore traverser la mer Méditerranée puis les déserts de l’Afrique du Nord pour finir par se poser dans un petit village où naîtra Soledad, la dernière des filles de Frasquita, qui nous compte l’histoire de sa famille par ce livre.
Une belle histoire fantastique et des destins différents pour chaque membre de cette famille. Une famille espagnole recelant un secret qu’elle seule connaît, des traditions transmises de mère en filles et de sœurs en sœurs, une union quasi-charnelle entre frères et sœurs indestructible et un combat permanent pour survivre.
Amateur de poésie et de rêves, ce livre vous plaira à coup sûr comme il m’a plu et une fois le livre refermé, vous resterez en pensée avec cette famille qui nous adopte le temps d’une lecture.
Mon meilleur passage :
« Depuis le premier soir et le premier matin, depuis la Genèse et le début des livres, le masculin couche avec l’Histoire. Mais il est d’autres récits. Des récits souterrains transmis dans le secret des femmes, des contes enfouis dans l’oreille des filles, sucés avec le lait, des paroles bues aux lèvres des mères. Rien n’est plus fascinant que cette magie apprise avec le sang, apprise avec les règles.
Des choses sacrées se murmurent dans l’ombre des cuisines.
Au fond des vieilles casseroles, dans des odeurs d’épices, magie et recettes se côtoient. L’art culinaire des femmes regorge de mystère et de poésie.
Tout nous est enseigné à la fois : l’intensité du feu, l’eau du puits, la chaleur du fer, la blancheur des draps, les fragrances, les proportions, les prières, les morts, l’aiguille, et le fil…et le fil. (…) Opposant à la réalité une résistance têtue, nos mères ont fini par courber la surface du monde du fond de leur cuisine.
Ce qui n’a jamais été écrit est féminin. »