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L’exception culturelle française (2)

Publié le 27 juillet 2012 par Paumadou

Vendredi 27 juillet 2012

L’exception culturelle française (2)

(Fait suite à cet article à lire ici)

Une autre chose qui me dérange dans la mentalité française, c’est le succès financier d’une opération. Dès qu’un artiste gagne de l’argent, c’est louche.

L’exception culturelle française (2)

D’abord, il n’est pas talentueux, c’est un bon gestionnaire, un bon commercial, c’est tout. Allons, quand Jeff Koons vient nous refiler ses oeuvres à prix d’or, c’est un artiste internationalement reconnu, mais un artiste français, lui, n’est qu’un bon gestionnaire. Avec tout le mépris qu’on peut ajouter à ses deux mots quand ils sont associés à l’art (parce qu’un bon gestionnaire d’entreprise, lui est bien considéré, mais un artiste qui gère son entreprise personnelle de la même manière, d’un coup, ça devient une insulte :sarcasm: )

En quoi est-ce mal d’avoir un peu d’ambition financière ? Ne serait-ce que pour ne pas se retrouver à dormir sous les ponts ? Oui, qu’un artiste commence à exiger un certain prix pour l’une de ses oeuvres, on va tout de suite soit le traiter avec condescendance (parce qu’il demande un prix en deça de la valeur réelle de l’oeuvre) soit avec mépris (parce qu’il exigera un prix trop élevé selon les convenances)

Il y a dans l’exception culturelle français une sorte de barrière infranchissable entre l’Artiste, son oeuvre, et le monde bassement matériel du commerce et de l’argent. On m’a souvent fait remarqué que l’art n’avait pas à être mêlé à l’argent (et on me reproche souvent ma vision très terre à terre d’ailleurs), mais étudiez un peu l’histoire de l’art comme je l’ai fait et vous verrez que l’art n’est JAMAIS innocent ou coupé des réalités matérielles. Voyez les contrats et négociations de Michelange (qui refuse d’achever un tombeau/peinture tant qu’il n’est pas payé grassement), les ventes de Léonard de Vinci (on a quand même acheté La Joconde le plus légalement du monde et pas pour un prix modeste…), voyez comment Louis XIV, Napoléon, Mitterrand se sont servis des artistes et de l’art pour asseoir leur pouvoir et leur légitimité !

L’art n’est jamais coupé du monde, il en fait pleinement partie : à l’artiste de trouver la manière de s’impliquer dans le monde (mais même en se positionnant « en dehors de tout ça », il prend position !), et  gagner de l’argent est un moyen d’intégrer le monde.


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