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Le jeune couple et la poussette-canne

Publié le 27 juillet 2012 par Stella

Le jeune couple et la poussette-canne

L'autre jour, en allant dîner avec une amie, je suivais, le long de la rue de Vaugirard, un jeune couple. Mieux : un jeune couple avec bébé. Le nourrisson, charmant au demeurant, était confortablement installé dans l'une de ces poussettes à amortisseurs qui permettent aux jeunes incompétents de promener leur marmaille sans trop faire attention aux cahots de la route. La remarque est opportune, vous allez le voir.

Ladite poussette était l'une de celles dites "canne", au sens où elle était dotée de deux manches à poignée recourbée tels des cannes, soi-disant pour pouvoir la plier plus rapidement, ce qui à mon sens reste à prouver. Bref, cela permettait aux deux parents d'avoir chacun une main sur l'une des cannes, l'harmonie était donc bien trouvée pour promener bébé aux champs. Le seul souci, c'était que chacun d'eux avait, dans son autre main, un téléphone portable collé sur l'oreille. Sous l'oeil étonné du petit, qui semblait mine de rien se demander ce qu'il était venu faire dans cette galère, son père et sa mère, marchant d'un même pas, entretenaient chacun de leur côté une conversation qui semblait à ce point passionnante que rien ne semblait pouvoir les interrompre : ni les pompiers, toutes sirènes hurlantes, ni passants interloqués, ni même les trottoirs et autres obstacles susceptibles de mettre à l'épreuve les amortisseurs sus-mentionnés.

J'ai suivi cet étrange attelage un bon moment, la rue de Vaugirard ayant la particularité d'être la plus longue de Paris. Je n'ai pas le pessimisme chevillé au corps, qu'on se le dise, néanmoins je n'ai pu m'empêcher de m'interroger sur la pérennité d'un tel couple. Victime que je suis de l'idée bien reçue - et depuis fort longtemps - qui veut que deux jeunes avec un enfant en bas âge sont nécessairement encore amoureux, je m'interrogeais sur cette étrange volonté qu'ils avaient de regarder ensemble dans la même direction, pas celle de leur enfant mais une ligne bleue des Vosges passant à cent coudées au-dessus de sa tête. Ils auraient pu écouter de la musique, se rejoindre par fil interposé au-dessus du berceau dans une même communion de l'ouïe, un sens ma foi bien malmené dans les rues de Paris. Moderne, certes, mais pas encore trop étrange. Mais que nenni. Mezzo voce chacun poursuivait une conversation qui semblait sinon confidentielle, du moins strictement individuelle.

A moins que, nonobstant le coût du forfait qui ne va pas en diminuant, quoi qu'on en dise, ils étaient au téléphone... l'un avec l'autre !


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