Je ne lis plus, en ce moment (l'absence de conte rendu pourrait le faire croire), mais je ne me fixe sur aucun en particulier. J'essaie, sans succès. Comme si les romans ne voulaient pas de moi, qu'ils faisaient semblant de m'accepter, puis, quelques dizaines de pages plus tard, me repoussent, deviennent obscurs, font exprès de me faire perdre le fil pour me lasser de recommencer.
Il faut dire aussi que la nuit est déjà bien installée quand j'arrive à hauteur d'une couverture apparemment aimable, que je la frôle (ne pas surprendre, créer le contact), la touche, plus fermement, et puis écarte ses pages, avec un semblant de violence, et elle un semblant de pudeur. Là, je me noie dans ces mots qui dansent devant moi, ils m'absorbent, m'envahissent, me bercent, m'aiguillent vers la page d'après. Et puis, au moment où l'esprit ronronne, la mécanique s'est installée, les yeux se ferment, se rouvrent, cherchent à raccrocher la dernière phrase, le dernier paragraphe.. Quand je les rouvre, le livre est à terre, vaincu, ou plutôt boudeur, se sentant dédaigné. Alors chaque soir, c'est le même scénario, le roman se fait de plus en plus récalcitrant.
Je crois avoir trouvé une ruse. Je m'éparpille…