Nadejda Tolokonnikova, Maria Alekhina et Ekaterina Samoutsevitch, accusées de "houliganisme fondé sur la haine religieuse", encourent jusqu'à sept ans de prison. Amnesty International considère ces militantes comme des prisonnières d'opinion, détenues uniquement pour avoir exprimé sans violence leurs idées.
Le 21 février 2012, plusieurs membres du groupe Pussy Riot, la tête couverte d'une cagoule, ont interprété une chanson de protestation intitulée "Vierge Marie, sauve-nous de Poutine" dans la cathédrale du Christ-Sauveur, à Moscou. Les paroles appellent la Vierge Marie à devenir féministe et à bannir l'actuel président russe Vladimir Poutine. Elles critiquent aussi le dévouement et le soutien de certains représentants de l'Église orthodoxe russe envers cet homme. Ce spectacle s'inscrivait dans le cadre d'une protestation plus large visant Vladimir Poutine à l'approche de l'élection présidentielle en Russie au mois de mars. Les autorités russes ont alors arrêté Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova le 4 mars, et Ekaterina Samoutsevitch le 15 mars, affirmant qu'il s'agissait des chanteuses masquées.
Lors de l'audience, Nadejda Tolokonnikova a admis être membre de Pussy Riot et avoir participé à la prière punk dans la cathédrale du Christ-Sauveur, tandis que Maria Alekhina et Ekaterina Samoutsevitch ont nié toute implication.
Depuis sa création en 2011, le groupe punk Pussy Riot s'est produit à plusieurs reprises dans des lieux publics comme le métro de Moscou ou la place Rouge, ou sur le toit de bus.
Dans des entretiens avec les médias, ses membres ont déclaré qu'elles protestaient, entre autres, contre la restriction de la liberté d'expression et de réunion en Russie, les procédures politiques iniques et les fausses accusations portées contre les militants de l'opposition.
La Cour européenne des droits de l'homme a fait savoir à plusieurs reprises que la liberté d'expression vaut non seulement pour les idées considérées comme inoffensives, "mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l'État ou une fraction quelconque de la population".
"Ces trois militantes sont derrière les barreaux depuis plusieurs mois, dans l'attente d'un procès qui ne devrait pas même avoir lieu. Même si les trois femmes interpellées ont bien pris part à cette manifestation, la dureté de la réaction des autorités russes et leur placement en détention pour houliganisme, accusation pénale grave, ne sauraient constituer une réponse légitime à l'expression pacifique – et pour beaucoup, certes, insultante – de leurs opinions politiques", s'est indigné John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d'Amnesty International. "Leur action était destinée à choquer et elles savaient que certains en seraient sans doute offensés; toutefois, les militantes ont quitté la cathédrale lorsqu'on leur a demandé et n'ont pas causé de dégâts. Leur action n'a duré que quelques minutes et n'a dérangé que brièvement ceux qui se trouvaient dans la cathédrale pour d'autres raisons, notamment religieuses. Le contexte politique plus large entourant les manifestations anti-Poutine à cette période-là, et le contenu du message délivré hostile à Vladimir Poutine et au clergé – alors qu'ils jouissent eux-mêmes de l'impunité – ont été clairement pris en compte, de manière illégale, dans les charges retenues contre elles."
Un montage vidéo de la chanson, posté sur Internet, a suscité un vaste débat. Le porte-parole du président élu Vladimir Poutine a qualifié la représentation de méprisable et annoncé qu'elle serait suivie "de toutes les conséquences qui s'imposent".
Par ailleurs, des proches de Nadejda Tolokonnikova, Maria Alekhina et Ekaterina Samoutsevitch auraient reçu des menaces de mort anonymes.