bancs et chaises

Ainsi parfois, lassés de l’excès des mots, des images de notre époque, on veut revenir à la simplicité, parce que le fond des choses ne change pas, les saisons et le cœur de l’homme non plus. On se met à l’affût des motifs les plus simples : au hasard un verre et une bouteille, trois pommes sur une table, une petite fille et son ballon comme dans un tableau de Felix Valloton, ou encore comme dans la peinture japonaise des thèmes imposés (branches, cerisier, montagne, pêcheurs) avec de l’encre et du papier pour amener l’auteur qui doit dépasser sa contrainte à nous raconter une histoire avec peu de moyens, et pas du tout de paroles. J’ai un ami qui pensait à ça, il rêvassait à la fenêtre du troisième étage, et c’est ainsi que l’idée du « banc » lui est venue, puis il a fallu plusieurs saisons de travail pour avancer là dedans, sans bien penser au départ qu’il allait faire des rencontres : Platon (le « Banquet » c’est un repas pris à une table garnie de bancs), Rimbaud (« à la Musique »), Prévert (« le désespoir est assis sur un banc ») et aussi Brassens. Je connais un autre créateur qui avait eu une idée voisine, il y a longtemps, regarder le monde de haut, mais c’était mortel comme tout et c’est pourquoi il y a mis l’homme et la femme ; un arbre, un Jardin, et sans doute un banc, maintenant vous voyez peut-être ?