Ce matin en surfant, je tombe sur un article du Figaro Madame qui évoque un concept US qui ne me laisse pas de marbre : le « unplugged challenge ». Je vois aussi que Reese Witherspoon va se remarier, on est très contente pour elle mais ce n’est pas le sujet du jour (ni de demain).
Pour tous ceux ayant boudés la langue de Shakespeare, le « unplugged challenge » consiste tout simplement, le temps d’une journée ou d’une simple demi-heure selon sa motivation, à se déconnecter et à débrancher l’ensemble de ses outils électroniques et informatiques (Smartphone, ordinateur, télévision), sans lesquels, avouons-le, nous sommes peu de chose aujourd‘hui.
Même pas peur ! C’est décidé, je me lance ! Et avant même d’attaquer, j’envoie déjà un mail à tout mon réseau et préviens mon bureau que, le temps du dej (1h soit 60 minutes de vie rurale), je serais « totaly unjognable » (iphone, mac, je coupe tout). Une fois l’annonce faite sur mon statut facebook et sur mon twitter, tout le monde est averti. Je reçois des messages touchant de soutien « Courage, lol », « On est avec toi », « Tu vas les avoir ».
11h59, je trépigne. Peut-être le moment d’une véritable révélation spirituelle pour moi…12h00, ma main tremble mais je parviens à éteindre mon iphone in extremis. Je fais temporairement mes adieux à mon mac chéri. Touche finale, je coupe même mon Tam-Tam. Je respire, je me sens déjà plus légère… sans attache.
Pour célébrer ma bravoure, je vais me payer un sandwich (celui qui me fait de l’œil tous les midis avec son kilo de mayo alors que je suis en plein régime Ducon). Devant moi, une nana de 20 ans raconte au téléphone comment elle s’est fait larguer par un mec de 45 ballets via sms (« C fini entre ns »). C’est triste mais j’ai bien envie de partager cette info insolite avec le monde entier. Ma main caresse mon Iphone dans ma poche, mais non, restant forte, je la maintiens sur le cuir délicat de mon sac à main.
Sur le chemin de l’agence, je croise Emilie qui me lance un « alors ? », compatissant. À ce moment-là, j’ai le bourdon, je dois bien l’avouer. J’ai l’impression d’être Virginie Efira dans « Rendez-vous en terres inconnues » : perdue, esseulée, à des milliers de kilomètres de de mes réseaux sociaux, et sans le sexy Frédéric Lopez. Discrètement, pour me sentir mieux et obtenir une légère bouffée d’oxygène, je « poke » Emilie sur son épaule.Arrivée à l’agence, je garde l’habitude d’avaler mon « dwich », en tête à tête romantique avec mon ordinateur éteint. On se regarde dans le blanc des yeux au moins 20 minutes. Le petit bruit qu’il fait quand je l’allume résonne dans mes oreilles et me manque terriblement. Soudain je suis prise d’angoisse. Et si j’étais en train de rater THE info ?? Affolée, je me faufile tel un paria à la machine à café afin de glaner des news toutes fraîches. Mes collaboratrices évoquent tous les derniers fashion potins qui font suite à la fashion week. Je retwitte mentalement et soigneusement d’un battement de cil toutes les infos.
Désespérément en manque de « like », je lève mon pousse (comme dans les années 90) pour féliciter Margaux sur sa toute nouvelle robe à pois Paul&Joe.
Attristée, vidée, je comprends alors qu’il est trop tard pour moi. Le constat est « coton » : I’m totaly addicted ! Honteuse, telle Paris Hilton sans sa dose, je file aux toilettes pour rallumer mon Iphone chéri en toute discrétion.
Et c’est bel et bien de cet endroit incongru que ma vie reprend !