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White Swan vs Black Swan

Publié le 28 février 2011 par Champatwork
White Swan vs Black Swan


Il est des secteurs d’activité tels que le mien, celui de l’événementiel, ou encore celui de la communication, ou même de la boulangerie qui nécessitent une constante « bonne humeur et joie de vivre ». Qu’importe vos soucis personnels, que votre chien, nommé consciencieusement Chanel, se soit fait écrasé par une poussette McLaren ou qu’un si mignon petit rejeton vienne de « rendre » sur votre nouvel ensemble Chanel (pas votre défunt chien, la robe) pendant que vous attendiez votre métro « Rue des Boulets ».

Tous ces métiers, sans exception, vous obligent presque contractuellement à afficher un sourire béat journalier (un peu comme si on vous annonçait que la paire de Louboutin sur laquelle vous louchiez depuis des moins est, juste pour vos beaux yeux, soldée à 50%).
Vous souriez tellement que vous êtes alors même convaincue de votre bonne humeur, au point que votre quotidien prend alors des allures de « Bisounours Land ». Vous êtes dynamique mais pas hystérique, vous affichez une voix suave mais pas pouf, vous êtes rassurante et assurée, rigolote mais pas cruche. Des notions subtiles mais décisives pour durer dans ce genre de métierQuand vous devez répondre au téléphone le cinéma continue puisqu’il faut avoir « le sourire téléphoné ». Principe qui m’a toujours dépassé puisque le seul résultat est d’avoir l’air « neuneu » de sourire à un interlocuteur qui ne vous voit pas.
Et bien ce matin, je me révolte, et je décide, comme ma copine Nathalie (Portman), que moi aussi je peux montrer MON BLACK SWAN (mon Signe Noir, autrement dit mon double maléfique pour celles qui n’ont pas vu le film). Ne comprenez pas par là que j’ai décidé de me mettre à faire de sauts de chat et à m’arracher la peau des doigts, mais plutôt que moi, la « mère sourire de l’événementiel », ait décidé de montrer son côté sombre. Tremblez !

Dans le métro, à cette heure matinale de grande affluence, je suis alors insubmersible, ceux qui me frôlent, chutent. Quand je souhaite descendre à ma station de métro les usagers apeurés s’écartent et se prosternent. En bas de l’agence, ma boulangère me rend toute ma monnaie sans me gruger de 2 centimes d’euros comme elle a pris l’habitude de le faire depuis un an.

Arrivée au bureau, mon Black Swan fait sensation. Mon Mochachino sans sucre et avec double crème m’attend sur mon bureau, mon assistante n’ose pas me regarder dans les yeux (tant mieux, c’est une sombre conne), quant à mes clients ils « s’excusent » de me déranger. J’attends 20H pour missionner ma stagiaire d’un dossier rébarbatif à la mort, le soir de son anniversaire de couple avec son expat de fiancé revenu exceptionnellement pour l’occasion. Je suis « mean » et je m’en fous ! Seule cette sonnerie de téléphone persistante m’indispose … J’ai beau décrocher mon poste, elle persiste…Damned, mon réveil ! 10h10 je suis officiellement en retard au boulot. J’ai visiblement été l’objet d’un rêve fantasqueJe cours, je vole telle Wonder Woman, et à ma station de métro « Rue des Boulets » je me fais volontairement arracher l’épaule par une grand-mère qui m’insulte. Je m’excuse (de quoi ? Je ne sais pas vraiment) et je réalise alors que je serais toujours un White Swan.
Peut-être est-ce finalement une bonne chose puisqu’être une garce, c’est fatiguant ! 

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