Max | À Bastida

Publié le 01 août 2012 par Aragon

À Bastida, elles sèchent au vent les culottes de la Jeannette. Mais la salopette du Léopold refreine les ardeurs de certains qui voudraient y voir ou y toucher de plus près. C'est qu'elle est belle la Jeannette et son mari pas souvent là, sur les chantiers...

À Bastida il y a des lois de l'an mille trois cent douze, des maisons d'avant mille cinq cent quatre-vingt-trois, la pinte de sang frais est à vingt sous, mais les marrons gratis le jour où les gars jouent au rugby contre Bassussary, le temps se paie comptant à Bastida...

À Bastida je le sais pour les avoir entendus deviser ce jour-là, le chêne dit à la chaise qui voulait le convaincre d'une retraite bien méritée, bien charpentée : " Sans façon, j'ai tout le temps..."

À Bastida, le fronton de l'église qui accueille le croyant ou le mécréant qui cherche un peu de fraîcheur, n'est pas porteur de mauvaises nouvelles. Pas de monstres étranges et velus, pas de démons barbus, pas de pêcheur mitonnant dans la sainte marmite remplie d'infernal soufre bouillant, pas d'angelots asexués, pas d'épées ou de bâtons, pas de verts, illusoires, édeniques pâturages garnis d'élus faisant la nique à de pauvres exclus, mais de beaux fruits d'automne, des pommes, du blé, des courges, des fleurs de tournesol, tout ce qui parle aux paysans...

À Bastida les murs de nombreuses maisons sont Chantilly, les encadrements des fenêtres pain d'épices, raisins secs, fruits confits, on en mangerait vraiment je vous le jure, c'est incroyable ce blanc fouetté des murs sucrés de Bastida. Hansel et Gretel y perdraient leur germain, moi en tout cas, qui suis plus gourmand qu'un curé en suis tout tourneboulé. Hmmmm !!! Les maisons de Bastida. N'ayez pas peur, pas de sorcière antropophage à Bastida...

À Bastida la grand'rue déroule toute son histoire. Pas besoin d'en rajouter. Sous le goudron, sous le pavé, sont incrustées - vous les verrez si vous voulez, si vous fouillez, si vous creusez - les traces des sabots des destriers de Charlemagne dont on dit qu'il avait une barbe fleurie, de son ost, de Roland son piètre neveu, le malheureux souffleur de cor, trucidé par les arrières arrières arrières encore encore arrières papis de Bastida...